L'électricité médicale dans le "Journal des Savants"
Par Jean-Noël Cloarec et Bertrand Wolff
Le Journal des Savants, fondé en 1665, se promet de relater "les faits surprenants dans la nature et ce qui se découvre de plus curieux dans les arts et les sciences". Voici quelques extraits représentatifs de la vogue de l'électricité médicale à la fin du XVIIIe siècle.
Février 1769
Compte-rendu du livre Conjectures sur l'électricité médicale (1768) de J.J. Gardanne, de la Faculté de médecine de Paris :
"[Ce médecin] après électrification a guéri un plombier qui à la suite de la colique des plombiers avait les bras et les mains pendants dans l'état de relâchement le plus complet [...] M. Gardanne plaça la bouteille électrique dans l'une des mains du malade. [...] Le septième jour, Monnier soutint une barre de fer de un pouce et demi d'épaisseur sur un pied de long et après électrification il vint à bout à soulever de la main un fauteuil de 15 à 18 livres."
Décembre 1770
L'abbé Bertholon, de Béziers, envoie une Lettre à Messieurs les auteurs du Journal des savants sur l'électricité appliquée au mal de dents :
"...Un nouveau remède où la théorie et la réflexion m'ont conduit et dont j'ai reconnu l'efficacité par des expériences, c'est dans l'électricité qu'on trouve ce nouveau secours..."
Octobre 1771
Compte-rendu d'une Lettre sur l'électricité médicale, publiée la même année, lettre dans laquelle le physicien Joseph-Aignan Sigaud de la Fond, rend compte du voyage fait par l'abbé Nollet en Italie en 1749 :
"Monsieur l'abbé Nollet fit le voyage d'Italie pour y être témoin de ce qu'on prétend y avoir opéré et il revint très peu satisfait". [D'après Nollet, le procédé de l'Italien Pivati qui affirmait avoir obtenu plusieurs guérisons, n'a aucune efficacité].
Mais Sigaud de la Fond regrette que cet avis radical de l'abbé Nollet ait jeté pour un temps, le discrédit sur l'électricité médicale :
"Comme [Nollet] dogmatisait alors en France [...], cette méthode fut tellement discréditée à Paris que personne n'osait parler favorablement sans être accusé de charlatanisme"
Sigaud expose ensuite
..."les effets que la vertu électrique produit sur le corps humain, les maladies contre lesquelles l'Auteur l'a employée avantageusement".
Octobre 1772
Compte-rendu de l'ouvrage du Chanoine Joseph Sans, Guérison de la paralysie par l'électricité (1772) :
"On voit ici huit guérisons de paralysie, confirmées par des témoignages qui paraissent authentiques."
Janvier 1787
Compte rendu de l'ouvrage de l'abbé Bertholon, De l'électricité du corps humain dans l'état de santé et de maladie (1786) [Deux volumes de plus de 500 pages chacun]
" On ne doit pas s'imaginer que toutes les maladies soient du ressort de l'électricité; car il n'y a pas de remède universel. [Pour connaître les cas qui relèvent de l'électricité] il faut s'instruire des cures qu'ont faites les médecins et les physiciens" ...
... Et l'abbé Bertholon d'en citer plus d'une quarantaine en faveur de l'électricité médicale. Parmi les multiples effets bénéfiques qu'il relève, l'électricité semble triompher du "défaut de virilité".
Pour en savoir plus :
COHEN, I. B., Introduction to GALVANI, Luigi. Commentary on the effects of electricity on muscular motion, Norwalk: Burndy Library, 1953.
PERA, Marcello. The Ambiguous Frog : The Galvani-Volta Controversy on Animal Electricity, Princeton: Princeton University Press, 1996
Une bibliographie de "sources secondaires" sur l'histoire de l'électricité.
Mise en ligne : mars 2007 (dernière révision : septembre 2011)