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Manuscrits > André-Marie AMPERE, Chemise 326 [carton 23], 1775-1836.
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| Adresse de citation : http://www.ampere.cnrs.fr/ms-ampere-326-18-1.5.html

toute société, il passait des journées entières à contempler tristement les bois, les collines et le ciel. Cette mélancolie vague et sans idées déterminées fut peut-être pour lui un bienfait de la nature qui lui sauvait la vie en lui ôtant momentanément le déchirant souvenir. Il était depuis un an dans cette situation lorsque les Lettres de Jean-Jacques Rousseau sur la botanique tombèrent sous sa main. A peine y eut-il jeté un coup d'oeil qu'il s'attacha vivement à cette lecture. Le charme du style plein d'harmonie de cet écrivain pénétra dans l'âme du jeune malade comme un rayon d'un soleil bienfaisant au travers des ténèbres. Il sentit renaître enfin, avec le désir de savoir, le besoin de l'étude et se donna avec ardeur à celle de la botanique. C'est à cette même époque qu'il lut pour la première fois les poètes latins. Les circonstances de la vie ne lui ayant pas permis de revenir plus tôt à l'étude des langues anciennes dont il avait reçu de son père la première instruction, cette lecture lui donna comme une nouvelle existence. Il aimait surtout, après avoir gravé dans sa mémoire les morceaux de leurs immortels écrits, à les réciter dans ces mêmes campagne, dans ces mêmes forêts, qu'il parcourait en tout sens pour y recueillir des plantes. C'est peut-être à ce genre de vie, si longtemps privé de toute communication avec les hommes dont se composent nos sociétés modernes qu'on doit attribuer les distractions auxquelles Mr. Ampère a paru quelquefois sujet

Document de l'Académie des sciences (Institut de France) - Photo : CNRS, CAK-CRHST.

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