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Manuscrits > André-Marie AMPERE, Chemise 298 [carton 19], 1775-1836.
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| Adresse de citation : http://www.ampere.cnrs.fr/ms-ampere-298-313-1.5.html

Aimable paix, douce tranquillité
Que j’ai perdue avec ma liberté,
Pourquoi faut-il que mon âme agitée
Au sein des maux dont elle est tourmentée
Regrette encore les biens que j’ai perdus.
Que n’oublié-je un bonheur qui n’est plus ?
Dans les douceurs de mon indifférence,
Libre de soins, de crainte et d’espérance,
Je me livrais au calme de mon cœur
Et dans des riens je trouvais le bonheur.
Qu’un clair ruisseau s’égarât dans la plaine,
J’errais au bord de son onde incertaine,
Je me plaisais à suivre les détours
Qu’elle formait dans son paisible cours
Et maintenant quand j’y porte la vue
D’un noir chagrin, je sens mon âme émue.
Dans ce bassin où son brillant canal
Semble former un miroir de cristal,
Je cherche en vain l’image de Julie,
J’accuse alors la fortune ennemie
Qui la retient loin de ce triste bord
Et je le quitte en maudissant mon sort.
Qu’un rossignol sous un épais feuillage
Vînt réveiller l’écho de ce bocage,
De ses concerts je goûtais la douceur
Sans que l’envie empoisonnât mon cœur.
Mais aujourd’hui, je ne peux plus entendre
Ses doux accents, sa voix plaintive et tendre
Sans éprouver combien il est affreux
D’être loin d’elle et de voir des heureux.
Ainsi pour moi la nature flétrie
Est sans attraits, sans couleur et sans vie.
Je ne sais plus l’admirer ni l’aimer,
Un seul objet pourrait la ranimer.
Oh ! si jamais dans ces plaines fleuries,
Foulant aux pieds l’émail de ces prairies,
Je la voyais errer dans ces bosquets
Ou reposer sous cet ombrage frais !

 

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Document de l'Académie des sciences (Institut de France) - Photo : CNRS, CAK-CRHST.

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