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Sources primaires > LE ROY, Electromètre, [novembre] 1755.
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à la nature de cette cause, qu'ils nous indiquent aussi sûrement qu'il est possible ses divers 
changements : on voit par là combien il est utile de multiplier les instruments de cette espèce. 
On sait assez les avantages que l'on a retiré des baromètres & des thermomètres, depuis surtout 
qu'on a fait ces derniers sur des échelles, de manière à pouvoir comparer leurs divers degrés de 
froid & de chaud dans différents climats. 
Or s'il y a une partie de la Physique où un instrument de l'espèce de ceux dont je viens de 
parler soit nécessaire, c'est sûrement dans l'électricité qui est si changeante, tantôt forte, 
tantôt faible ; le seul changement de position des mains par rapport à l'équateur du globe que 
l'on frotte, l'augmente ou la diminue. Si donc l'on n'est pas en état d'estimer ou de connaître 
les variations de cette force, on sera à tout moment exposé à tirer de fausses conséquences des 
expériences les plus simples ; & il n'y a presque pas lieu de douter, que si plusieurs physiciens 
ont embrassé des sentiments différents sur divers phénomènes de l'électricité, c'est par cette 
raison ; parce que l'un ayant fait ses expériences avec une électricité plus forte que l'autre, 
cette seule différence dans la force a suffi pour en produire de telles dans les effets, qu'elles 
les ont portés à en déduire des conséquences très différentes. Un électromètre les eut 
bientôt mis d'accord, en leur faisant voir que ces différences qu'ils ont observées, ne 
naissaient que de celle de la force électrique. Ceci nous montre clairement combien cet instrument 
est nécessaire pour faire avec quelque succès des expériences sur cette matière. Il y a plus : 
c'est qu'avec des instruments de cette espèce, bien construits & universels comme le thermomètre, 
c'est-à-dire dont on pourrait comparer les degrés d'élévation dans différents pays, on pourrait 
peut-être parvenir à décider une question importante ; savoir, si l'électricité a le même 
degré de force dans les différents climats ; si elle est plus forte dans les septentrionaux que 
dans les méridionaux, & de combien. 
La nécessité de cet instrument étant établie, il ne reste plus qu'à choisir parmi les divers 
phénomènes de l'électricité, celui qui est le plus propre à donner une mesure exacte & 
générale de la force électrique ; mais c'est ce qui n'est pas difficile à faire, la répulsion 
étant le seul dont on puisse faire usage dans cette vue. Car si l'on y emploie l'attraction, ce 
sera celle d'un corps soutenu ou par des non-électriques ou par des électriques par eux-mêmes : 
dans le premier cas, à mesure que le corps sera attiré, il dérobera de l'électricité à celui 
qui l'attire, & ainsi cette vertu se perdant à chaque instant, on n'en pourra estimer la force ; 
dans le second, le corps s'électrisant à mesure qu'il est attiré, & cet effet diminuant 
instantanément la force avec laquelle il est attiré, cette manière ne pourra encore servir de 
mesure ; parce qu'on pourra attribuer à la diminution de l'électricité dans le corps attirant, ce 
qui sera produit uniquement par l'électrisation du corps attiré ; si l'on se sert des aigrettes, 
elles augmenteront ou diminueront, non seulement selon le nombre & la figure des parties aiguës du 
système des corps électrisés, mais encore selon que les corps non électriques circonvoisins en 
seront plus ou moins près. De plus ces aigrettes étant formées par le fluide électrique qui 
s'échappe des corps électrisés, l'électricité diminuera d'autant plus, que ces corps auront un 
plus grand nombre de points, ou de parties capables de rendre des aigrettes, & que ces parties 
seront plus aiguës. Ce moyen sera donc encore imparfait ; puisqu'outre son incertitude, on ne 
pourra en faire usage sans faire perdre aux corps électriques une partie de leur électricité. 
Enfin les étincelles n'en fournissent pas un plus certain ; car ces étincelles sont plus fortes ou 
plus faibles, selon que la masse des corps électrisés est augmentée ou diminuée, selon que l'on 
les tire des parties plus ou moins lisses de la surface d'un même corps, ou que l'on les tire avec 
des corps qui approchent plus ou moins de la figure sphérique. Voyez ELECTRICITE. Il résulte de 
tout cela que la répulsion, comme je l'ai dit, est le seul moyen sûr & général dont on puisse se 
servir pour mesurer la force électrique : c'est aussi celui que nous avons employé M. le chevalier 
d'Arcy & moi, dans l'instrument dont je donnerai la description dans un moment, & qui est, si je ne 
me trompe, le premier électromètre que l'on ait exécuté. Cependant on dira peut-être, comme je 
sais qu'on l'a déjà fait, qu'il est trop tôt de penser à un électromètre ; qu'il 
faut avant toutes choses que ce que l'on veut mesurer soit saisissable de tout point, sans quoi la 
mesure ne fait qu'embrouiller. Mais je demanderai ce qu'on entend par ce saisissable de tout 
point : si on entend qu'un électromètre doit mesurer à la fois l'attraction, la répulsion, 
la grandeur des aigrettes, la force des étincelles, &c. c'est demander un être chimérique. Mais 
si l'on entend seulement qu'en mesurant la force électrique, ou en nous montrant ses variations, il 
doit nous indiquer toutes celles qui en doivent résulter, dans les phénomènes dont je viens de 
faire mention (lorsque toutes les circonstances restent absolument les mêmes), on a raison ; & 
c'est, je puis l'assurer, ce que fait l'électromètre dont il sera question dans cet article. Car 
si toutes les circonstances d'un système de corps électriques restent les mêmes ainsi que celles 
des corps qui les environnent, quand cet instrument marquera que la force électrique est 
augmentée, les aigrettes des corps électrisés deviendront plus grandes & plus vives, l'attraction 
sera plus forte, & les étincelles que l'on tirera avec le même corps, & des mêmes points de la 
surface d'un des corps électrisés, seront aussi plus fortes, &c. Mais si l'on suppose la figure de 
ces corps changée, leur masse augmentée ou diminuée, & les corps circonvoisins plus près ou plus 
éloignés ; alors l'électromètre n'indiquera ni ne pourra indiquer diverses variétés des 
phénomènes dont je viens de parler, qui résultent uniquement de ces changements de masse, de 
figure, &c. parce qu'ils suffisent, comme je l'ai exposé plus haut, pour produire des différences 
dans ces phénomènes, quoique la force électrique soit toujours au même degré dans chaque partie 
qui compose le système des corps électrisés. 
Il suit de tout ceci qu'il n'est point trop tôt pour penser à un instrument servant à 
mesurer la force de l'électricité ; que la répulsion nous fournit un moyen sûr & général de le 
faire ; & qu'un électromètre construit en conséquence, loin d'embrouiller, peut au contraire 
éclaircir beaucoup de difficultés ; & c'est, j'ose dire, ce qu'a fait l'électromètre suivant, 
nous ayant servi à M. d'Arcy & à moi à nous assurer de plusieurs faits, & entr'autres de ceux-ci 
: savoir, 1°. que la force électrique est toujours comme les surfaces & non comme les masses. 2°. 
qu'elle a la propriété des fluides qui, par les lois de pression, se répandent toujours 
également quels que soient les canaux de communication, &c. Voyez ELECTRICITE. Voyez les 
mémoires de l'Académie de 1749, page 63.  
Description de l'électromètre. Dans un grand vase A B plein d'eau (Pl. Phys. fig. 75) [voir fac-similé], on plonge une bouteille 
C D de verre, que les marchands appellent œuf philosophique ; à l'extrémité de cette 
bouteille, on adapte une verge V parfaitement cylindrique d'une ligne de diamètre & de 12 pouces de 
long. Le vase A B se recouvre d'une plaque de laiton H percée d'un grand trou à son centre (qui 
est aussi celui du vase), afin que la verge puisse passer à travers 
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