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Sources primaires > LE ROY, Electromètre, [novembre] 1755.
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toutes ces proportions : de sorte que tout le monde pourra faire un électromètre qui s'élèvera 
de la même quantité pour la même force électrique. Propriété qui me paraît une des plus 
remarquables de cet instrument, & qui est une de celles qui y est le plus à désirer, comme je l'ai 
remarqué au commencement de cet article.
On objectera peut-être que la différente densité de 
l'eau dans les différents climats formera un obstacle à cette universalité. Il est clair 
cependant que toutes les fois que l'on fera une verge qui descendra de 4 pouces pour 8 grains, on 
aura un électromètre qui indiquera à très peu près les mêmes degrés de la force électrique 
que le nôtre ; car quoique dans un pays chaud une pareille verge fût un peu plus repoussée, 
puisqu'elle serait plus grosse que la nôtre, ce serait d'une quantité si peu considérable, que 
cette répulsion ne pourrait entrer en comparaison avec celle de la plaque.
Enfin on pourra 
alléguer encore, que les différentes positions de l'électromètre par rapport au cadre & à la 
lanterne, changeront ses élévations apparentes, mais il est toujours facile d'avoir le rapport de 
ces élévations par la méthode suivante. Ayant placé l'électromètre, & arrangé le tout comme 
pour faire des expériences, chargez la petite plaque de cet instrument de 8 grains par exemple, & 
voyez de combien de degrés son ombre descend en conséquence sur le cadre ; la somme de ces degrés 
comparée à celle qu'un même poids aura fait parcourir à l'ombre d'un autre électromètre sur 
lequel on aura fait la même expérience donnera le rapport précis de leurs élévations.
D'après 
cette description de l'électromètre, & de la manière de s'en servir, il pourra paraître à 
quelques personnes d'un usage peu commode, par les diverses attentions qu'il exige, & par la 
nécessité où l'on est d'obscurcir le lieu où l'on fait ces expériences, pour pouvoir juger de 
ses élévations & de ses abaissements : mais si l'on fait attention à la nature de 
l'électricité, & à l'impossibilité d'observer de près, comme je l'ai dit, les divers mouvements 
des corps électriques, on verra que si cet instrument a quelque chose d'embarrassant dans son 
usage, c'est en quelque façon une suite nécessaire de la nature de la force électrique qu'il doit 
mesurer.
J'ai fait voir au commencement de cet article, que de tous les phénomènes des corps 
électriques la répulsion était le seul qui fournît un moyen sûr & général de mesurer la force 
de l'électricité. Cependant comme il y a des cas où l'on est indispensablement obligé d'employer 
les étincelles, tels que ceux, par exemple, où l'on veut, par leurs différentes grandeurs, juger 
des densités respectives du fluide électrique dans les corps entre lesquels ces étincelles 
partent, je crois devoir ajouter ici la description d'une espèce de spintheromètre ou 
mesure-étincelles, dont je me sers, & au moyen duquel on peut être à très peu près sûr, 
que les différentes grandeurs ou forces de ces étincelles naissent uniquement des différentes 
forces de l'électricité, ce qu'on ne peut faire en les tirant à la manière ordinaire : car, 
selon cette manière, on peut, quoique l'électricité reste toujours la même, on peut, dis-je, 
faire partir ces étincelles de plus près ou de plus loin, comme je l'ai dit, non seulement en les 
tirant de corps de figures & de volumes différents, mais encore en les tirant de parties plus ou 
moins lisses de la surface d'un même corps. L'instrument dont je viens de parler est construit de 
la manière suivante.
Dans un tube de verre TT (fig. 77) [voir fac-similé] recouvert par les deux bouts de 
deux plaques PS, PI, se meut librement, mais sans jeu, une balle de métal B, adaptée à 
l'extrémité d'une verge de fer carrée VV ; cette verge passe à travers un trou de la même 
forme, percé dans la plaque P S, dans lequel elle s'ajuste parfaitement. On voit par cette 
disposition qu'on peut bien faire mouvoir la balle dans le tube d'un bout vers l'autre, mais qu'on 
ne peut lui faire prendre d'autre mouvement. Sur l'extrémité de la verge VV, qui déborde la 
plaque P S, sont marqués des degrés, afin qu'on puisse juger de la distance où la balle se trouve 
de la plaque P I : on pourrait pour une plus grande précision, en place de ces degrés, adapter à 
l'extrémité de la verge une vis qui ferait la fonction du micromètre.
D'après la description de 
cet instrument, il est facile de concevoir comment on s'en sert, & comment il remédie aux 
inconvénients que j'ai spécifiés plus haut. On voit en premier lieu qu'en le prenant par le tube, 
& le faisant toucher par la plaque P I sur le corps électrique dont on veut tirer une étincelle, 
cette plaque s'électrise au même degré que ce corps, & qu'au moyen de la verge VV, on approche 
graduellement de la même plaque la balle B (qu'on en tenait auparavant fort éloignée) jusqu'à ce 
que l'étincelle parte. Or cet effet arrivant dans l'instant précis où cette balle se trouve à la 
distance requise pour qu'il ait lieu, on reconnaît cette distance par le nombre de degrés marqués 
sur cette verge. On voit 2°. que ces distances ne peuvent venir ici que de la différence de la 
force électrique, parce que l'étincelle part toujours entre les mêmes corps, la plaque P I, & la 
balle B ; & que c'est toujours des mêmes points de la balle & de la plaque, puisque cette balle ne 
pouvant que s'en éloigner ou s'en approcher, les différents points de sa surface inférieure 
doivent toujours regarder les mêmes points respectifs de cette plaque. (T) 
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