Ampère, André-Marie à Quételet, Adolphe
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à M. Quetelet, membre de l'Académie royale des sciences de Bruxelles, professeur d'astronomie, etc., à l'Observatoire, à Bruxelles, royaume des Pays-Bas
Paris,
13 octobre 1827 Monsieur et très cher ami, j'ai bien des remerciements à vous faire de
l'ouvrage sur les caustiques que vous avez eu la bonté de
m'envoyer, je vous prie de les agréer. Rien ne pouvait m'être plus agréable
que la lecture de vos savantes recherches sur ce sujet. Vous m'avez fait aussi un grand plaisir
en me marquant qu'on allait imprimer dans les Mémoires de l'Académie de Bruxelles
le Mémoire que je vous remis pour y être inséré à votre
dernier voyage à Paris. Ce qui fait que j'attache beaucoup de prix à sa
publication, c'est qu'outre qu'on y trouve la solution de plusieurs difficultés que je
n'ai éclaircies nulle part ailleurs, et qu'on vient de reproduire dans un Mémoire
lu il y a environ un mois à l'Académie des Sciences de Paris, quoiqu'il n'y ait
à cela aucune sorte de raisons, j'ai considéré dans ce Mémoire les
choses sous un point de vue différent de celui sous lequel je les ai
présentées dans mes autres écrits, et j'ai montré comment on
pouvait partir, comme d'une donnée expérimentale, de la formule qui exprime
l'action d'un pôle d'aimant sur un élément de fil conducteur, et en
conclure tout ce que j'ai déduit de la formule plus générale de l'action
mutuelle de deux éléments de fils conducteurs, relativement à tous les
phénomènes qu'on observe quand un aimant et un conducteur voltaïque agissent
l'un sur l'autre. Je pense que cette manière de présenter les choses peut avoir
quelques avantages pour ceux qui veulent abréger, quoique l'autre mérite sans
difficulté la préférence toutes les fois qu'on veut approfondir la
manière (sic). Je pense que vous n'avez pas oublié la prière que je
vous ai faite dans le temps, de m'en faire tirer cent exemplaires à part à mon
compte. Comme je crains qu'il n'y ait bien des fautes dans la copie que je vous ai remise, si
vous éprouvez des difficultés lors de la correction des épreuves, vous
pourriez me les envoyer par la poste en les affranchissant, comme vous savez que cela se fait
à bon marché pour les feuilles imprimées ; je renverrais aussitôt,
par la même voie, ces épreuves corrigées. Toutes réflexions faites,
je trouve qu'il y aurait tant d'avantages à cela pour la perfection du Mémoire
que je vous prie de faire ainsi, s'il est possible, soit pour tout le Mémoire, s'il en
est encore temps, soit pour la partie qui resterait à tirer. Vous me feriez alors
le plaisir de tenir note de tous les affranchissements dont vous feriez l'avance pour moi afin
que je vous les rembourse de suite. Je désirerais que le titre de mes exemplaires
à part portât le jour où le Mémoire a été
présenté à l'Académie de Bruxelles, cette date m'étant bonne
à constater. Je vous prie d'offrir l'hommage de mon respect à Mme Quetelet,
et de penser quelquefois comment votre amitié est précieuse pour moi, vous savez
que la mienne vous est toute acquise pour la vie. Tout à vous. A.
AMPÈRE P. S. – J'ai remis à M. Sturm l'exemplaire du
mémoire sur les caustiques qui accompagnait le mien. L'autre n'y était pas. On a
dû l'envoyer directement à la famille de M. Fresnel que les sciences venaient si
malheureusement de perdre quand les exemplaires sont arrivés.
(1) Trois pages in-4°, adresse sur la quatrième. Communiqué par M. G. Quetelet.
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