Conscience, F. à Ampère, André-Marie
A Monsieur Ampère, professeur d'analyse à l'Ecole royale polytechnique, inspecteur général de l'instruction publique.
Collège royal de Cahors,
le mardi 24 décembre 1816 Monsieur et cher protecteur, J'aurais déjà eu l'honneur de vous
écrire, si j'eusse pu vous parler avec certitude de l'état des sciences au
collège royal de Cahors. En effet, à mon arrivée, M. le proviseur
m'apprit que la plupart des élèves de philosophie n'avaient jamais
étudié les mathématiques, et que le reste des élèves de
cette classe s'était occupé seulement d'arithmétique. D'après cela,
il était évident qu'aucun d'eux n'avait assez de connaissances pou pouvoir
commencer l'étude des parties dont le règlement prescrit l'enseignement en
mathématiques spéciales, de sorte que j'étais à la veille de
n'avoir aucun élève. Mais loin d'abuser du peu d'avancement de ces
élèves pour rester au collège royal sans me rendre utile, je me suis
empressé de solliciter en leur faveur auprès de M. le proviseur la permission de
faire un cours d'arithmétique. Jusqu'ici j'espérai toujours qu'il m'arriverait
quelques élèves pour le cours spécial, mais aucun n'est encore venu et ne
viendra plus probablement, puisque les études doivent être partout en pleine
activité. M. le proviseur paraît me savoir beaucoup de gré de faire
le cours d'arithmétique dont je l'ai prié de me charger, car il m'a dit plusieurs
fois qu'il pensait bien que l'enseignement des parties supérieures me serait plus
agréable que l'enseignement des premiers éléments. Dans cette
circonstance, comme dans toutes celles qui pourront se présenter, je ferai toujours tous
mes efforts pour justifier l'intérêt et la bienveillance que vous voulez bien
m'accorder, et je prouverai par mon zèle et par ma conduite combien je désire
mériter la continuation de vos bontés. Quant à l'enseignement des
sciences physiques qui m'est aussi confié, il est évident que le cours de
physique-mathématiques ne saurait avoir lieu, puisque les élèves auxquels
il est destiné sont absolument étrangers aux mathématiques. Dans
l'intérêt de ces élèves, j'ai encore obtenu de M. le proviseur leur
admission à la leçon du jeudi. Dans ce cours je m'applique surtout à bien
faire concevoir aux élèves les applications les plus utiles de la physique aux
arts et je m'aide à cet effet des ouvrages de M.M. Biot et Beudant, ainsi que vous avez
bien voulu me le conseiller. Si j'ai regretté de ne pouvoir vous écrire
plus tôt, je me trouve heureusement dédommagé de ce retard par
l'époque intéressante qui se présente et dont je me fais un devoir et un
plaisir de profiter pour vous renouveler mes remerciements sincères. Daignez, je
vous prie, Monsieur l'inspecteur, agréer l'hommage de mon profond respect et de ma
gratitude. Votre très humble et très obéissant serviteur, F. Conscience. P.S. J'espère avoir bientôt terminé cet
essai sur l'arithmétique dont je vous ai parlé, et immédiatement
après je me propose de le livrer à l'impression. J'ai eu le plaisir de
voir M. Fargeau, lors de son passage à Cahors en se rendant au collège
d'[illisible] sa nouvelle destination. M. le recteur a reçu tout récemment de M.
le principal de ce collège une lettre dans laquelle il lui dit qu'il a parfaitement bien
accueilli M. Fargeau et qu'il a pourvu à son logement et à tous ses besoins. En
communiquant à Monsieur Gay-Lussac ces renseignements qui ne pourront que lui être
agréable, veuillez bien, je vous prie, me rappeler à son souvenir et lui
présenter mes civilités respectueuses.
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Source de l'édition électronique de la lettre : original manuscrit Paris, Archives de l'Académie des sciences, fonds Ampère, carton XXI, chemise 311bis.
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Lien de référence : http://www.ampere.cnrs.fr/amp-corr1033.html
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