Exercice de traduction
Par Christine Blondel et Bertrand Wolff
On propose ici un exercice, qui peut être simplifié ou
enrichi, selon qu'il s'adresse à des élèves de collège ou
de lycée. La réponse à certaines questions peut nécessiter
une recherche d'informations supplémentaires que le professeur ou
l'élève trouveront sur le site.
"Traduire" quelques extraits de l'article ELECTRICITE de l'Encyclopédie
de Diderot et d'Alembert
Quelques informations préalables :
A notre époque, le mot électricité est inséparable
de l'idée de courant électrique. C'est ce courant, transmis par des
fils conducteurs, qui fait briller les lampes, chauffer les radiateurs et tourner les moteurs.
Mais avant 1820, le terme courant évoque simplement un bref mouvement de
matière électrique. Or l'article ELECTRICITE de
l'Encyclopédie est paru en 1755. Les seules propriétés
alors désignées par ce terme sont celles qu'ont certains corps
frottés d'attirer et de repousser des corps légers, et, parfois, de faire
jaillir des étincelles. Ces propriétés constituent ce que les e
xtraits suivants nomment la "vertu" (électrique) de ces corps.
Q1 : Le premier dispositif permettant de faire circuler un
courant durable (et non celui, de durée extrêmement courte,
véhiculé par une étincelle ou par la foudre) a
été créé en 1800. Quel est son inventeur? Quels en sont
les constituants?
Q2 : mais l'idée que ce dispositif est bien la cause, dans un circuit
fermé, de la circulation d'un courant, n'a été
établie qu'en 1820, par Ampère. Quelle expérience,
réalisée cette même année, fut à l'origine de
sa réflexion?
Quant aux notions qui vous sont plus ou moins familières sur la nature
de l'électricité et du courant (porteurs de charge microscopiques,
mobiles ou liés, …) elles ne s'imposeront qu'à partir de la fin du
XIXe siècle!
1er extrait : corps électriques et non électriques
"En examinant à quel degré tous les corps de la nature
deviennent électriques par l'effet du frottement, on voit que l'on peut descendre
par une infinité de nuances de ceux qui s'électrisent beaucoup et
facilement, à ceux dont la vertu se rend à peine sensible, jusqu'à
ce qu'on arrive aux métaux sur lesquels, comme on vient de le dire, le frottement
n'a aucun effet ; c'est pourquoi on a partagé en deux
classes générales tous les corps de la nature, suivant qu'ils sont plus ou
moins susceptibles d'électricité."
"On a compris dans la première classe, ceux qui s'électrisent
très facilement après avoir été un peu chauffés
et frottés, et on les appelle simplement corps électriques."…
les diamants, le verre, le soufre, les cheveux et "tous les poils des animaux morts
ou vivants".
"La seconde classe contient les corps qui ne s'électrisent pas du tout par
le frottement, ou du moins très peu, et que l'on nomme pour cet effet
non électriques"... "l'eau et toutes les liqueurs aqueuses" – il s'agit
des solutions aqueuses -, tous les métaux, … "tous les animaux vivants,
à l'exception de leurs poils".
Q3 : Vous avez eu l'occasion de réaliser vous-même
des expériences d'électrisation de diverses substances par frottement. Mais
vous avez aussi réalisé des expériences sur leurs
propriétés isolantes ou conductrices. Elles montrent que les
corps que l'on appelle aujourd'hui isolants sont ceux que l'on rangeait au
XVIIIe siècle dans la classe des . . . . . . . . . . . . . tandis que
les conducteurs étaient en général nommés . . . . . .
. . . . . . . . . . . .
2ème extrait : comment électriser les non
électriques ?
" … quoique les métaux et les liqueurs ne puissent pas devenir
électriques par la voie du frottement, ils le deviennent très bien, comme
nous le verrons dans la suite, dans la simple approche (*) d'un autre
corps électrisé. Il est vrai que ces corps ne peuvent manifester la
vertu qu'ils reçoivent, que dans de certaines circonstances, et qu'ils la perdent
avec la même facilité qu'ils la reçoivent, si on ne prend pas
quelque précaution pour la leur conserver, et la fixer, pour ainsi dire, dans
leur étendue. Cette précaution, pour le dire d'avance, consiste à
les poser sur des corps électriques un peu élevés, et à
les éloigner suffisamment de ceux qui pourraient leur enlever les courants
de matière électrique, à mesure qu'on les répandrait sur eux."
"Ainsi une barre de fer deviendra électrique par l'approche (*) d'un tube de
verre frotté, si elle est soutenue horizontalement par deux autres tuyaux de verre
bien secs, ou suspendue par des cordons de soie, ou enfin posée sur un pain
de résine de quelques pouces d'épaisseur ; et on électrisera
de même l'eau et les autres métaux, ainsi que tous les autres corps qui ne
pouvant être électrisés que très peu par le frottement,
sont rangés dans la classe des non-électriques. Ceux-ci
acquerront même beaucoup plus d'électricité par le moyen que
nous venons d'indiquer, qu'on ne leur en pourrait jamais exciter en les frottant."
Q4 : en utilisant le vocabulaire moderne (isolants, conducteurs)
résumez ces deux passages en indiquant par quel moyen électriser un
métal ou autre non électrique, et quelles précautions prendre
quant au choix de ses supports.
(*) "Approche" : dans d'autres passages de l'article, il
s'agit d'une "application", c'est-à-dire d'un contact. Dans la question
posée vous commenterez donc l'électrisation d'un métal par contact.
Il est vrai que l'approche peut suffire si la distance est faible et si le corps est
fortement électrisé. L'article précise en effet que "la
matière électrique passe librement au-travers d'une
médiocre quantité d'air". L'air, bien qu'isolant par nature, peut
alors s'ioniser et permettre le transfert de charges électriques.
3ème extrait : un "électrique" perd bien vite sa "vertu", si on
le relie à la terre par un "non-électrique"
"Leur application immédiate [l'application de non-électriques]
sur le tube, diminue très promptement l'électricité qu'on
a produite par le frottement, en sorte qu'on éteint presque en un moment toute sa
vertu, en l'empoignant dans l'endroit où il a été frotté, ou
bien en le présentant par cet endroit à du métal ou à quelque
autre corps aussi peu électrique."
"Cette propriété qu'ont les métaux d'éteindre presque en
un instant la vertu d'un corps électrique frotté, n'a lieu qu'autant
qu'ils établissent une communication entre le corps électrique et la terre,
au moyen de laquelle les émanations qu'il répand se dirigent et se
transmettent promptement à notre globe ; car si l'on applique
à l'extrémité d'un tube un corps non électrique quelconque,
comme un morceau de métal, et qu'on frotte le tube à l'ordinaire, en
prenant garde que ce corps qu'on aura attaché au tube ne touche point à
aucun autre, non seulement ce métal ne diminuera pas la vertu du tube, parce
qu'il n'établit plus de communication avec la terre, mais il deviendra lui
même électrique, et sera capable d'attirer et de repousser les petits
corps légers."
Q5: en termes modernes, on ne parlera pas
d'émanation répandue par le corps électrisé. Quels
sont, dans le métal, les " porteurs de charge" mobiles qui circulent entre la
terre et le tube de verre frotté ? Et dans quel sens, si l'on admet que ce
tube avait acquis une charge positive ?
Mise en ligne : juillet 2006
Mise en ligne : juillet 2006
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