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Manuscrits > André-Marie AMPERE, Chemise 298 [carton 19], 1775-1836.
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| Adresse de citation : http://www.ampere.cnrs.fr/ms-ampere-298-6-1.5.html

[Plusieurs variantes de ce poème se trouvent dans la même chemise. On peut dater ce poème d'une année environ après la déclaration d'Ampère à Julie, soit en 1797-1798.]

Le temps dans sa course rapide
Ramène enfin cet heureux jour
Où, d’une voix faible et timide,
J’osai vous peindre mon amour.
Dieux ! quel moment ! dans mon ivresse,
Je ne songeais qu’à ma tendresse
Et qu'au bonheur que j’espérais.

Votre cruelle indifférence
Cherchait en vain à m’accabler.
Tous les charmes de l’espérance
S’unissaient pour me consoler.
Je voyais que votre âme émue
Ne s’offensait pas de mes voeux,
Je jouissais de votre vue, Et je vous parlais de mes feux.

Mais hélas ! près de ce qu’on aime,
Le plus long jour n’est qu’un instant,
Et plus mon bonheur fut extrême,
Plus je perdis en vous quittant.
Le chagrin fait naître la crainte,
Loin de vous j’y livrai mon coeur,
Où votre image n’était peinte
Que sous les traits de la rigueur.

Bientôt dans ma mélancolie
Je perdis presque tout espoir
Et ne supportai plus la vie
Que pour le plaisir de vous voir.

Ici cent fois près de Julie
Je retrouvai tout mon bonheur,
Et malgré ma mélancolie
L’espoir se glissa dans mon coeur.

Ah ! songez si je vous offense
Qu’il n’est point de maux plus affreux
Que d’étouffer dans le silence
Les transports d’un coeur amoureux,
Que votre amour ou votre haine
Vont seuls décider de mon sort,
Et qu’un mot peut finir ma peine
Comme un mot me donner la mort.

C’est ainsi, depuis une année,
Que j’ai vu passer chaque jour
Sans savoir quelle destinée
Vous réserviez à tant d’amour.
Quand je pouvais revoir Julie
L’espoir se glissait dans mon coeur,
Et malgré ma mélancolie
Je retrouvais tout mon bonheur.

Document de l'Académie des sciences (Institut de France) - Photo : CNRS, CAK-CRHST.

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