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Manuscrits > André-Marie AMPERE, Chemise 298 [carton 19], 1775-1836.
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| Adresse de citation : http://www.ampere.cnrs.fr/ms-ampere-298-48-1.5.html

La solitude
Chanson

Solitude enchanteresse
Où mes jours coulent en paix
Dans une douce paresse
Sans désirs et sans regrets,
Loin du Pinde et du Parnasse,
Exilé par Apollon.
C’est toi qui dans ma disgrâce
Sera pour moi [l']Hélicon.

Dans tes retraites paisibles,
Le bonheur naît sous mes pas.
Malheur aux coeurs insensibles
Que tu n’attendrirais pas,
Qui d’un oeil d’indifférence
Verrait ces tendres berceaux,
Où, dans l’ombre et le silence,
Je viens goûter le repos.

Là, sous un épais feuillage,
A l’abri des feux du jour,
Je n’entends que le ramage
Des rossignols d’alentour,
Ou cette onde vive et pure
Qui, fuyant sous le gazon,
Avec un léger murmure
Arrose ce beau vallon.

Je viens au pied de ces chênes
Pleurer le sort d’Ilion.
J’y viens partager la peine
D’Andromaque et de Didon,
Ou pleurer avec Chimène
Dont l’amour au désespoir
Veut en vain briser la chaîne
Qui s’oppose à son devoir.

Document de l'Académie des sciences (Institut de France) - Photo : CNRS, CAK-CRHST.

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