Heureux vainqueur de mon âme enivrée,
Guide charmant dont la flamme sacrée
Conduit mes pas au temple du bonheur,
Des mêmes feux dont tu brûles mon cœur
Viens ranimer mes muses languissantes,
Viens les parer de ces grâces touchantes,
De ces beautés sans contraintes et sans art
Que tu semas dans les vers de Bernard ;
Dicte des chants consacrés à Julie,
En les lisant, que son âme attendrie,
Sente le trouble et les saisissements
Dont son aspect enchante tous mes sens.
Retrace lui l’histoire attendrissante
Des premiers feux d’une amour si constante,
Peins lui ce jour fatal et fortuné
Où tu l’offris à mon oeil étonné ;
C’était le temps de la saison nouvelle,
Temps où tout aime et tout se renouvelle.
Du haut du ciel, le brillant Apollon
Echauffait l’air sans flétrir le gazon ;
Ses feux naissants ranimaient la nature,
(( De quelques fleurs égayaient la verdure
Dont nos vallons étaient déjà couverts ;
Le rossignol voltigeait dans les airs,
Ou plus tranquille au fond de ce bocage,
Dans ces concerts il t’offrait son hommage. ))