L’homme n’est pas ce qu’il s'affiche :
On se dit bon, on est méchant,
On est sot, on fait le savant
On se dit pauvre et l’on est riche,
On se dit jeune, on est barbon,
On se dit gai, sans cesse on gronde
On se dit brave, on est poltron,
Ah ! comme on trompe dans le monde.
Un médecin promet la vie,
Un cabaretier, du bon vin,
Un poète d’un air hautain
Jure que jamais il n’ennuie.
Le médecin donne la mort,
Le cabaretier le seconde,
Et le poète vous endort,
Ah ! comme on trompe dans le monde.
Des femmes voyez la parure
Fard pour rougir, fard pour blanchir,
Pour diminuer ou pour grandir,
Très haute ou très basse chaussure ;
Des sourcils de toutes couleurs,
Corps pour serrer taille trop ronde,
Cheveux d’emprunt, fichus menteurs.
Ah ! comme on trompe dans le monde.
La vieille babillarde honteuse,
Croit avoir la fleur des maris.
Elle disait : dans tout Paris
Nul homme n’a tant d’éloquence ;
Je désire de parler toujours
Pour que ce cher époux réponde,
Il ne dit qu’un mot en huit jours.
Ah ! comme on trompe dans le monde.