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Manuscrits > André-Marie AMPERE, Chemise 298 [carton 19], 1775-1836.
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| Adresse de citation : http://www.ampere.cnrs.fr/ms-ampere-298-206-1.5.html

Non, nous ne sommes pas nés pour la solitude !
Nous recourons en vain aux charmes de l’étude,
Elle laisse souvent au fond de notre cœur
Sur les pas de l'ennui se glisser la douleur.
Nous sentons tous les jours qu’un bonheur solitaire
N’est pour nous du bonheur qu’une image légère
Et qu’au sein des plaisirs les plus [illisible], les plus doux,
Il nous faut un ami qui les goûte avec nous.
Je l’éprouvai cent fois dans ces heureux asiles
Où je coulais des jours si purs et si tranquilles.
Le sombre des forêts, la fraîcheur des vallons,
Le spectacle enchanteur des fruits et des moissons,
Le plaisir de rêver au bord d’une onde pure,
Sur un tapis de fleurs, sous un dais de verdure,
Le retour du printemps, le murmure des eaux,
Le lever de l’aurore et le chant des oiseaux
Gazouillant leur amour sous ces ombres paisibles,
Tant d’objets si touchants pour les âmes sensibles,
Pour moi quand j’étais seul avaient peu de douceur.
Hélas ! de ce séjour de paix et de bonheur
Transporté tout à coup dans cette ville immense
Et quittant ces beaux lieux qu’habita mon enfance,
J’y laissais une sœur, une mère et mon cœur.
Viens, dis-je à l’amitié, viens calmer ma douleur.

Document de l'Académie des sciences (Institut de France) - Photo : CNRS, CAK-CRHST.

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