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Manuscrits > André-Marie AMPERE, Chemise 298 [carton 19], 1775-1836.
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| Adresse de citation : http://www.ampere.cnrs.fr/ms-ampere-298-138-1.5.html

Le chat et le rat.
Fable

Défions-nous des fureurs d’Apollon !
Dès qu’un auteur sur le double vallon
Va s’exposer aux fureurs de l’envie,
Il doit s’attendre à perdre son repos
Et pour tout fruit de ses brillants travaux,
A voir l’éclat répandu sur sa vie,
Lui susciter mille et mille rivaux,
Dont les complots et les brigues secrètes
Ont toujours fait aux malheureux poètes
Payer bien cher les frivoles honneurs
Qu’ils recevaient de la main des neuf sœurs.
Sans rappeler les disgrâces d’Homère,
L'exil d'Ovide et celui de Voltaire,
L’asile obscur où languissait Milton,
Et les malheurs du chantre de Bouillon,
Je peux citer un fait plus remarquable
Et qu’on pourrait prendre pour une fable
Si ce récit, sans que j’y change rien
N’était tiré d’un grave historien.

Quand l’âge d’or, dans une paix profonde,
Faisait le charme et le bonheur du monde
Et que mêlés dans les mêmes troupeaux,
Les loups paissaient à côté des agneaux,
Les rats vivaient sous sa douce influence
Avec les chats en bonne intelligence.
On ne parlait que de leur amitié.

Document de l'Académie des sciences (Institut de France) - Photo : CNRS, CAK-CRHST.

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