@. Ampère et l'histoire de l'électricité 

[Accueil] [Plan du site]

Une nouvelle plateforme est en cours de construction, avec de nouveaux documents et de nouvelles fonctionnalités, et dans laquelle les dysfonctionnements de la plateforme actuelle seront corrigés.

@.ampère

Manuscrits d'Ampère > Une sélection commentée d'une soixantaine de documents > Physique


Physique

Nota : l'électricité et le magnétisme sont présentés dans la page Électrodynamique.

Rares sont les époques de sa vie où Ampère ne s'est occupé de physique, et nombreux les sujets qu'il a abordés dans ce domaine. Acoustique, astronomie, optique, chaleur, hydrostatique, mécanique, etc. : sur la plupart des phénomènes physiques il multiplie les travaux.

C'est une discipline qu'il enseigne à deux reprises : à l'École centrale de Bourg-en-Bresse, en 1802-1803, et de nouveau au Collège de France de 1824 à sa mort. En outre il inspecte les professeurs de lycées et examine nombre de mémoires présentés à l'Académie.

Petit tour d'horizon de quelques unes de ses activités dans le domaine, à travers ses manuscrits.

Astronomie : construction d'une lunette astronomique [vers 1795]
Liste d'intruments pour le cours de physique de l'École centrale de Bourg [1802]
Acoustique
Optique : une construction géométrique pour la double réfraction
Affiches des cours au Collège de France pour 1831 et 1836
Capillarité
Ébauche d'une classification des propriétés physiques des corps
Notes de Joseph Liouville sur le cours de physique d'Ampère au Collège de France (1826-1827)


Astronomie : construction d'une lunette astronomique [vers 1795]

Dans sa jeunesse (qu'il passe à Poleymieux, à la campagne), Ampère se passionne pour l'astronomie. Il étudie l'Astronomie de Lalande et construit une lunette pour observer les étoiles et les constellations. Il discute ses observations dans sa correspondance avec son ami Jean-Stanislas Couppier [voir la page sur la Correspondance] et l'entraine à faire, lui aussi, de longues nuits d'observation. Il rédige pour lui un petit traité d'astronomie, sans doute cet "Abrégé d'astronomie" manuscrit qu'on trouve dans la chemise 139.

On y voit la description de sa lunette méridienne (lunette se déplaçant dans le plan vertical Nord-Sud), simple et solide dit-il, et "qui peut être exécutée par un simple serrurier".

Académie des sciences (Institut de France) - carton VIII, chemise 139
photo : CNRS, CAK-CRHST




Liste d'intruments pour le cours de physique de l'École centrale de Bourg [1802]

Lorsqu'il est nommé professeur de physique et de chimie à l'École centrale de Bourg-en-Bresse (1802-1803), Ampère fait venir plusieurs appareils qui se trouvaient dans son appartement de Lyon ; mais cela ne suffit pas. Cette liste d'instruments intitulée "Note pour le cours de physique", correspond très probablement aux instruments qu'il demande pour constituer le cabinet de physique de l'Ecole. En effet, cette liste ne comporte pas d'instruments pour l'électrodynamique, et elle commence par les instruments destinés à la théorie du calorique, sur laquelle Ampère travaille à cette époque [voir la page sur la chimie]. Cette liste constitue un cabinet bien fourni, mais on ne sait pas ce qui fut effectivement acheté.

Cliquez sur les pastilles rouges en regard des noms d'instruments pour afficher une photographie de l'instrument correspondant. Ces instruments appartiennent aux collections patrimoniales de plusieurs lycées de France, et datent du XIXe siècle. Le microscope simple provient du Lycée Lalande de Bourg-en-Bresse, issu de l'École centrale où Ampère a enseigné.

Ces images ont été réalisées par l'ASEISTE (Association de Sauvegarde et d'Étude des Instruments Scientifiques et Techniques de l'Enseignement), et nous remercions plus particulièrement le photographe de la plupart d'entre elles, M. Francis Gires.

Académie des sciences (Institut de France) - carton XI, chemise 209
photo : CNRS, CAK-CRHST




Acoustique

Dans sa jeunesse, Ampère a étudié les cordes vibrantes, ce qui l'a amené à s'intéresser à l'acoustique. Des contemporains affirment avoir vu les prémices d'un traité d'acoustique.

Dans le fonds de l'Académie, on trouve de nombreux calculs sur la gamme, en particulier la gamme chromatique. Pour son cours au Collège de France, Ampère reprend la théorie des gammes.

Académie des sciences (Institut de France) - carton XI, chemise 209
photo : CNRS, CAK-CRHST




Optique : une construction géométrique pour la double réfraction [1815]

Depuis l'Antiquité, la lumière était interprétée comme l'émission par les corps lumineux de petites particules qui se projettent dans l'oeil de l'observateur. Cette hypothèse, qui ramène l'optique à un simple problème mécanique, avait permis d'en élucider les phénomènes les plus courants, comme la réflexion (le rayon lumineux "rebondit" sur une surface réfléchissante) ou la réfraction (le rayon lumineux est dévié lorsqu'il pénétre un milieu transparent différent de l'air).

Newton et Laplace avaient repris à leur compte cette théorie de l'émission, et Ampère lui-même les suit comme la plupart des physiciens de son époque. En 1815 il publie un mémoire sur la réfraction de la lumière qui commence par un hommage à Laplace et s'appuie sur un principe de la mécanique, dit "principe de moindre action". Ce mémoire généralise la méthode mathématique qui permet de déterminer la direction du rayon réfracté à l'intersection entre deux milieux complexes. Cela permet d'expliquer le phénomène de la double réfraction, observable dans certains cristaux, dans lequel un rayon incident produit deux rayons réfractés au lieu d'un.

Dans les brouillons liés à ce mémoire se trouve le manuscrit ci-joint où est représentée la construction des deux rayons réfractés, le rayon "ordinaire" et le rayon "extraordinaire", à l'aide d'un ellipsoïde.


Méthode pour construire le rayon "ordinaire" et le rayon "extraordinaire" dans la double réfraction.

portrait de Fresnel

Mais peu après ce mémoire, plus mathématique que physique, Ampère se convertit à une théorie de l'optique radicalement différente de celle de l'émission, la théorie ondulatoire de son ami Augustin Fresnel (1788-1827). Fresnel avait repris et développé l'idée selon laquelle la propagation de la lumière serait due aux vibrations d'un fluide particulier, qui remplit tout l'espace : l'éther. Ampère retouche même l'hypothèse de Fresnel pour qui les vibrations lumineuses étaient longitudinales (comme celles du son) : Ampère le convainc qu'il faut les concevoir transversales.

En 1828, peu après la mort de Fresnel, il perfectionne la théorie ondulatoire en reprenant la question du passage de la lumière dans les cristaux (Mémoire sur la détermination de la surface courbe des ondes lumineuses, en ligne sur Gallica).

Les deux hypothèses - corpuscules (aujourd'hui les photons) ou ondes - sont toujours utilisées selon les phénomènes que l'on étudie : la nature de la lumière reste encore difficile à comprendre.

Académie des sciences (Institut de France) - carton XIII, chemise 230
photo : CNRS, CAK-CRHST




Affiches des cours au Collège de France, 1831 et 1836

Ampère est nommé professeur de physique générale et expérimentale au Collège de France en 1824. La particularité de cette institution est que les professeurs disposent d'une très grande liberté pour définir le contenu de leurs cours. Ainsi, comme on le voit sur le programme ci-dessous, Ampère consacre-t-il une partie de ses leçons à exposer ses travaux de philosophie des sciences.

En 1836, son fils Jean-Jacques (1800-1864) le rejoint au Collège ; il enseigne, pour sa part, la littérature française et étrangère. Le père et le fils se retrouvent donc sur la même affiche pendant quelques mois, jusqu'à la mort du père, le 10 juin 1836.

PHYSIQUE GÉNÉRALE ET EXPÉRIMENTALE

M. AMPÈRE, membre de l'Institut, Académie Royale des Sciences.
Deux Leçons consacrées aux expériences et à l'explication des Phénomènes, auront lieu les Lundis et Vendredis à une heure. Une troisième Leçon, spécialement destinée aux Calculs, se fera les Mercredis à trois heures.

PHYSIQUE GÉNÉRALE ET EXPÉRIMENTALE

L'état du Cabinet de Physique ne permettant pas encore de faire le Cours de Physique expérimentale, M. AMPÈRE, membre de l'Institut, Académie des Sciences, exposera les Rapports mutuels, de la Classification naturelle des Sciences et de leurs Principes fondamentaux, les Lundis, à une heure, et les Vendredis, à une heure et un quart.



LITTÉRATURE FRANÇAISE

M. AMPÈRE, Fils, présentera le Tableau de l'État Intellectuel et Littéraire de la France avant le XIIe siècle, les Mercredis et Vendredis, à midi.

Académie des sciences (Institut de France) - carton XII, chemise 218
photo : CNRS, CAK-CRHST




Capillarité

Les manuscrits d'Ampère pour son cours au Collège de France comportent à la fois un exposé personnel des principaux phénomènes physiques et une réflexion sur le statut de cette discipline par rapport aux autres disciplines scientifiques. On y trouve cette page qui représente les effets de la capillarité.

La capillarité regroupe les phénomènes qui se produisent à l'interface entre un liquide et un autre milieu : l'air, un autre liquide (huile et eau), ou un solide (verre ou buvard).

Lorsqu'un liquide est en contact avec un autre corps, ses molécules situées à l'interface subissent des forces — d'attraction ou de répulsion — exercées par l'autre corps. Ces forces s'ajoutent à celles auxquelles sont soumises les molécules du liquide, de la part de leurs voisines ou de l'environnement (comme la gravité ou la pression atmosphérique). Les forces de capillarité diminuent très vite avec la distance. De l'équilibre entre les différentes forces résulte le comportement de la surface de contact.

L'eau contenue dans un tube de verre de faible diamètre a tendance à remonter le long des parois du tube ; avec le mercure l'effet est inverse (le mercure descend). Ampère dessine l'expérience classique consistant à plonger un tube de verre dans l'eau ou dans le mercure. Mais il représente également un cas de figure plus complexe et un essai d'interprétation.

Académie des sciences (Institut de France) - carton XI, chemise 209
photo : CNRS, CAK-CRHST




Ébauche d'une classification des propriétés physiques des corps [après 1820]

De même qu'il a voulu élaborer une classification naturelle des éléments chimiques [voir la page sur la chimie] ou des connaissances humaines [voir la page sur la philosophie], Ampère a également cherché à établir une classification des différentes propriétés physiques des corps.

Une classification naturelle – d'objets ou de propriétés – doit permettre d'intégrer ultérieurement des objets ou des propriétés inconnus dans cette classification, et de leur donner sens à l'intérieur d'un ensemble.

Dans ce manuscrit (non autographe), postérieur à ses travaux en électrodynamique, Ampère divise les propriétés des corps en trois catégories : propriétés géométriques, propriétés dynamiques et propriétés physiques. L'électricité joue un rôle fondamental dans cette classification, la dernière propriété du tableau étant "l'électricité dynamique moléculaire ou magnétisme".

Académie des sciences (Institut de France) - carton XI, chemise 209
photo : CNRS, CAK-CRHST




Notes de Joseph Liouville sur le cours de physique d'Ampère au Collège de France (1826-1827)

Pendant l'année universitaire 1826-1827, Joseph Liouville (1809-1882), alors élève à l'École polytechnique, suit le cours de physique d'Ampère au Collège de France. Cinq cahiers de notes prises à ce cours se trouvent dans le fonds Ampère avec des corrections et ajouts de son professeur. Ces cahiers, d'une vingtaine de pages chacun, traitent de mécanique. Ampère recrute alors Liouville pour l'aider dans ses calculs sur l'électrodynamique.

Liouville deviendra lui-même professeur de mathématiques à l'École polytechnique. À la disparition des Annales de Gergonne en 1832, la plus importante revue de mathématiques française, il fonde le Journal de mathématiques pures et appliquées, qui est toujours édité.

Académie des sciences (Institut de France) - carton XI, chemise 211
photo : CNRS, CAK-CRHST






<< mathématiques

revenir au sommaire

électrodynamique >>

Retour

© 2005 CRHST/CNRS, conditions d'utilisation. Directeur de publication : Christine Blondel. Responsable des développements informatiques : Stéphane Pouyllau ; hébergement Huma-Num-CNRS