@. Ampère et l'histoire de l'électricité |
[Accueil] [Plan du site] | ||||
Une nouvelle plateforme est en cours de construction, avec de nouveaux documents et de nouvelles fonctionnalités, et dans laquelle les dysfonctionnements de la plateforme actuelle seront corrigés. | |||||
Laboratoire historique | |||||
La balance électrique de Coulomb pouvait-elle constituer sa propre cage de Faraday ?Par Bertrand Wolff et Christine Blondel Quelques questions posées par la réplication d'Oldenburg
On peut s'intéresser ensuite à l'enceinte de verre de la balance. Si Coulomb prêtait une attention méticuleuse à ce que l'aiguille horizontale soit le plus parfaitement isolante possible en la recouvrant de gomme-laque, et à ce que l'air intérieur soit bien sec, il ne demandait à l'enceinte externe qu'une bonne protection des courants d'air. Nous nous sommes demandé si la balance utilisée par Coulomb ne pouvait pas constituer également, dans une certaine mesure, une cage de Faraday, c'est-à-dire protéger son intérieur des effets électriques extérieurs. On sait en effet que le verre est un matériau hygroscopique. Il absorbe en surface l'humidité de l'air et acquiert ainsi une conductivité superficielle. Cette conductivité superficielle, qui dépend beaucoup de la composition du verre et de l'état de propreté de sa surface, peut-elle faire de l'enceinte de verre de la balance de Coulomb une cage de Faraday ? Expériences
5.On procède à une nouvelle humidification avec un mouchoir légèrement humide. On constate avec un nouvel étonnement que l'influence ne disparaît pas.
Le verre était-il encore assez chaud pour que l'humidité s'évapore ? 2ème série d'expériences, une semaine plus tardOn reprend les mêmes expériences pour explorer plus à fond les rôles respectifs du séchage, des poussières, de la couche d'eau... 1. La balance est ressortie de l'armoire. A l'approche du tube de verre fortement électrisé, on vérifie que l'aiguille est vivement déviée.
Une semaine de séjour dans l'armoire permet de retrouver l'influence électrique à travers le verre.
DiscussionNos expériences confirment tout d'abord un fait bien connu depuis le début du XVIIIe siècle : un corps électrisé agit à travers le verre. Dès les années 1700, Hauksbee écrivait que les "effluves électriques" traversent le verre : on peut attirer des corps neutres légers, à travers une paroi de verre, à l'aide d'un tube de verre frotté. L'enceinte de verre de la balance de Coulomb ne protège donc pas son intérieur des influences électriques extérieures. En conséquence, il faut éviter les vêtements en fibres textiles synthétiques, les semelles isolantes, les revêtements de sol modernes... Mais ces expériences apportent un élément nouveau : l'effet cage de Faraday existe dans certaines conditions. Nous l'avons constaté d'une part lors de la première humidification de la balance sortie de l'armoire, d'autre part à la suite des humidifications successives par l'eau salée. La première série d'expériences montre que cet effet persiste après un séchage sommaire. Il faut un séchage prolongé au sèche-cheveux pour faire disparaître l'effet. Il est alors difficile de le faire réapparaître même en réhumidifiant fortement le verre, comme on le voit à la fin de la 1ère série d'expériences et au début de la seconde. Le verre était-il devenu "trop propre", nettoyé des impuretés ioniques en surface qui, lors du premier essai, rendaient conducteur le verre humide ? Cette hypothèse semble confirmée par la deuxième série d'expériences : il faut humidifier plusieurs fois l'enceinte de verre avec de l'eau salée pour que l'influence électrique s'affaiblisse notablement. On peut penser que chaque imprégnation d'eau salée augmente la densité des ions déposés sur la surface. Par ailleurs le verre, apparemment sec après essuyage, a probablement adsorbé assez d'humidité pour que sa surface reste ensuite relativement conductrice. Ainsi l'enceinte de verre qui a été humidifiée une fois conserve pendant un certain temps sa capacité de fonctionner comme une cage de Faraday. La transposition au passé est difficile. Il est peu probable que Coulomb ait humidifié volontairement sa balance, et on ignore quelle était la quantité de poussières et de saleté sur le verre ! Mais il faut noter que le corps de l'expérimentateur est moins électrisé que notre bâton de verre énergiquement frotté. On peut donc penser qu'un faible "effet Faraday", dû aux poussières ou aux effets de l'humidité, pouvait suffire à éviter, pour Coulomb, les perturbations qui ont affecté les expériences de Heering. Sans pouvoir apporter de certitude, nous proposons ici une hypothèse qui pourrait être explorée plus systématiquement. Mise en ligne : janvier 2009
|
|||||
© 2005 CRHST/CNRS, conditions d'utilisation.
Directeur de publication :
Christine Blondel. Responsable des développements informatiques : Stéphane Pouyllau ; hébergement Huma-Num-CNRS |