QUATRIEME MÉMOIRE
SUR L'ELECTRICITE.
Par M. DU FAY.
De l'Attraction & Répulsion des Corps Electriques.
Nous avons toûjours considéré jusqu'à présent la vertu électrique en général, & sous ce
mot on a entendu non seulement la vertu qu'ont les corps électriques d'attirer, mais aussi celle de
repousser les corps qu'ils ont attirés. Cette répulsion n'est pas toûjours constante, & elle est
sujette à des variétés qui m'ont engagé à l'examiner avec soin, & je crois avoir découvert
quelques principes très-simples qu'on n'avoit point encore soupçonnés, & qui rendent raison de
toutes ces variétés, ensorte que je ne connois jusqu'à présent aucune expérience qui ne s'y
accorde très-naturellement.
J'avois observé que les corps légers n'étoient ordinairement repoussés par le tube que lorsque
l'on en approchoit quelque corps d'un volume un peu considérable, & cela me faisoit penser que ces
derniers corps étoient rendus électriques par l'approche du tube, & qu'alors ils attiroient à
leur tour le duvet, ou la feuille d'or, & qu'ainsi il étoit toûjours attiré, soit par le tube,
soit par les corps voisins, mais qu'il n'y avoit jamais de répulsion réelle.
Une expérience que M. de Reaumur m'indiqua, s'opposoit à cette explication ; elle consiste à
poser au bord d'une carte un petit monceau de poudre à mettre sur l'écriture, on approche de ce
monceau un bâton de cire d'Espagne rendu électrique, & on voit très-clairement qu'il chasse au
de-là de la carte des particules de poudre, sans qu'on puisse soupçonner qu'elles soient attirées
par aucun corps voisin.
Une autre expérience aussi simple, & encore plus sensible, acheva de me prouver que ma conjecture
étoit fausse. Si l'on
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