§ II
Sciences du troisième ordre relatives à l'étude de la pensée dans ses rapports avec la
réalité des êtres.
Jusqu'ici, en étudiant l'intelligence humaine, on a dû admettre, comme dans toutes les autres
sciences, l'existence du monde, tel que nous le concevons, celle d'intelligences semblables à la
nôtre, dans les hommes avec lesquels nous vivons, et auxquels nous devons et les signes qui servent
à exprimer et à analyser la pensée, et toutes les connaissances qu'ils nous transmettent Ã
l'aide de ces signes. Mais après avoir ainsi étudié la pensée, on est conduit à se demander sur
quoi est fondée cette conviction que nous avons de l'existence réelle de ce qui n'est pas
nous-mêmes. Toutes les écoles de philosophie ont examiné cette grande question, et deux
circonstances la rendent surtout difficile à résoudre ; l'une est que dans le sommeil, quelquefois
même lorsque nous sommes éveillés, cette conviction a lieu aussi pour des choses qui n'ont aucune
réalité ; l'autre est que les premières croyances de ce genre, base de toutes les autres,
remontent à une époque dont la mémoire ne peut rien nous retracer. Cette époque est-elle celle
même des premières sensations, ou lui est-elle postérieure ? Doit-on refuser à ces croyances,
toute valeur objective, et les considérer comme des produits subjectifs des formes de la
sensibilité, des catégories de l'en-
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