avons vû arriver lorsqu'on promene la main d'un bout à l'autre du tube, tandis que la feuille est
suspenduë en l'air au-dessus ; il y a néantmoins une différence, c'est que le bâton de cire
d'Espagne, ou tout autre corps dont l'électricité est résineuse, n'est pas aussi propre à
détourner le tourbillon du tube que l'est un morceau de bois, la main, ou quelqu'autre corps qui
n'a point d'électricité naturelle, ou du moins qui n'est pas actuellement électrique.
Cette expérience est conforme à tout ce que nous avons observé dans les Mémoires précédents,
qui est que les corps les moins électriques par eux-mêmes, sont ceux qui sont le plus vivement
attirés, & les plus propres à contracter une électricité étrangére.
Il arrive précisément la même chose que nous venons de voir, aux corps dont l'électricité est
résineuse ; si l'on fait repousser une feuille par un morceau de copal, & qu'alors on en approche
un morceau de cire d'Elpagne, de copal, ou d'ambre, la vertu du premier est augmentée, & son
tourbillon devient plus étendu ; si, au contraire, on en approche le tube, le tourbillon diminuë,
& la feuille se rapproche ; ces faits sont si naturels, & l'explication s'en déduit d'une maniére
si simple, des principes que nous avons posés, qu'il seroit inutile de s'y arrêter plus
long-temps.
Il résulte donc de ce Mémoire deux vérités nouvelles sur cette matiére, & deux principes dont
on n'avoit pas eu jusqu'à présent le moindre soupçon ; le premier, que les corps électriques
commencent par attirer tous les corps, & qu'ils ne les repoussent que lorsqu'ils les ont rendus
électriques par la communication d'une partie de leur tourbillon ; & le second, qu'il y a deux
électricités réellement distinctes, & très-différentes l'une de l'autre. Que ne devons-nous
point attendre d'un champ aussi vaste qui s'ouvre dans la Physique ? & combien ne nous peut-il point
fournir d'expériences singuliéres qui nous découvriront peut-être de nouvelles propriétés de
la matiére ! Si nous parvenons un jour à la connoissance
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