vérités qui ont toujours été considérés comme des sciences, répondaient à ces divers points
de vue, sans même qu'on en soupçonnât l'existence, à peu près comme l'homme se sert de ses
organes, et applique ses facultés intellectuelles à différens objets, sans connaître ni la
structure intime des uns, ni la nature des autres. Quand un de ces génies créateurs, à qui le
genre humain doit tant d'admirables découvertes , se trouvait porté à étudier un objet sous un
certain point de vue, il résultait de sou travail une science correspondante à ce point de vue,
sans, pour cela, qu'il en eût l'idée. Lorsqu'on venait ensuite à considérer le même objet sous
un nouveau point de vue, on voyait naître une antre science. Si ce travail avait été complet,
toutes les branches de nos connaissances, dont je viens de faire l'énumération, et toutes celles
dont j'aurai à m'occuper dans la seconde partie de cet ouvrage, auraient reçu des noms, et ma
classification se serait, pour ainsi dire, trouvée faite d'elle-même. Tout au plus aurais-je eu à
ranger, dans l'ordre naturel donné par ces points de vue, des sciences dénommées d'avance ; mais
il n'en a pas été ainsi, et quoique toutes celles dont j'ai parlé jusqu'ici eussent été
réellement cultivées, plusieurs n'avaient point encore de noms et étaient eu quelque sorte
méconnues. N'ayant d'abord eu moi-même aucune idée de ces points de vue, ce n'est que par
l'analogie que j'ai été conduit à reconnaître l'existence des sciences qui n'avaient pas reçu
de nom ; aussi n'était-ce pas sans une sorte de surprise que je remarquais l'exacte symétrie qui
règne dans toutes les parties de la classification exposée dans cet ouvrage ; symétrie qui a
été, pour plusieurs personnes à qui j'ai communiqué ma classification, un motif de 1a regarder
comme artificielle. On voit maintenant d'où vient cette symétrie ; on voit pourquoi il y a un
même nombre d'embranchemens dans les deux règnes des connaissances humaines : pourquoi chaque
embranchement se divise en un même nombre de sous-embranchemens et de sciences du premier, du
second et du troisième ordre ; on voit enfin que cela vient de ce que les points de vue, qui
guidaient, à leur insu, ceux qui ont créé les différentes sciences, étant fondés sur la nature
de l'intelligence humaine.
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