Lorsque nous nous sommes trouvé en présence de cet amas de papiers désordonnés où bien peu de
lettres portaient une date et où, chose plus grave, les feuillets d'une même lettre étaient
souvent épars, notre premier soin a donc été de rétablir, non sans peine, la rigoureuse série
qui apparaissait en ordre dispersé. Il nous semble que cette précision minutieuse est
indispensable. Une lettre non datée perd la plus grande partie de sa valeur, comme un fossile sans
lieu d'origine. Nous croyons avoir mené à bien ce jeu de patience en utilisant tous les indices et
les recoupements et en tenant compte de tous ces menus détails intimes qui apportent des points de
repère. Dans le même ordre d'idées, nous avons reconstitué et nous donnons en débutant des
généalogies empruntées aux registres du Lyonnais qui précisent l'âge et les rapports de
parenté des personnages rencontrés.
La correspondance d'Ampère, d'abord avec sa femme Julie Carron, puis avec ses deux amis d'enfance,
Ballanche et Bredin, enfin avec son fils et avec quelques savants, constitue un véritable journal,
parfois presque quotidien, dans lequel les réponses des interlocuteurs, habituellement conservées,
ajoutent encore leur clarté. Les lettres scientifiques et philosophiques prennent alors leur place
naturelle dans une suite continue et il en résulte souvent pour elles, d'avoir été écrites dans
une circonstance bien déterminée, un intérêt nouveau.
A l'époque où nous avons fait notre travail, la majeure partie de ces documents était divisée
en deux lots : 36 cartons dans les archives de l'Académie des Sciences et d'épaisses liasses que
la marquise de Montebello, petite-fille de Mme Cheuvreux, avait bien voulu, sur notre demande,
rechercher et finalement découvrir dans une armoire de campagne. Aujourd'hui, sauf les lacunes
introduites par des transports successifs, l'ensemble appartient à l'Académie des Sciences, à
laquelle les héritiers de la Marquise de Montebello ont libéralement abandonné la part qui leur
revenait. Toutes les lettres pour lesquelles nous n'avons pas indiqué une autre provenance doivent
être considérées comme se trouvant là. Pour les lettres n'appartenant pas à ces Archives, nous
avons à remercier tout particulièrement : notre confrère M. Janet qui nous a fourni des
indications précieuses ; M.J. Ruche, Secrétaire général de l'Académie de Lyon et M. Cl. Roux,
Secrétaire général de la Classe des Sciences à la même Académie, auxquels nous devons
connaissance de nombreux documents déposés à l'Académie ou à la Bibliothèque de Lyon et M.
Rowell, Secrétaire de l’ “ Institution of Electrical Engineers ” de Londres, qui a bien
voulu nous envoyer des photographies des lettres à Faraday.
Dans cette publication, il nous a paru utile de publier sans aucune coupure
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