INTRODUCTION (a)
En publiant autrefois Le Grand Ampère (1), j'avais annoncé l'intention de donner un jour
la correspondance entière du savant. Je suis heureux de pouvoir aujourd'hui réaliser enfin ce
vieux projet, grâce à la généreuse initiative de la Société des amis d'Ampère, aux
subventions de l'Académie des Sciences (fondation Loutreuil) et du Ministère de l'Éducation
nationale et à la largeur de vues de la Maison Gauthier-Villars.
Une faible partie de cette correspondance a déjà été éditée, en 1872, par Mme Cheuvreux dans
un livre délicieux, malheureusement presque introuvable, Journal et Correspondance
d'André-Marie Ampère (2), bientôt suivi, en 1875, par deux autres volumes intitulés :
André-Marie Ampère et Jean-Jacques Ampère, Correspondance et souvenirs (de 1805 à
1864). Ces ouvrages ont conquis au physicien et à son fils d'innombrables amis. Mais, outre que
cette publication était très fragmentaire, elle n'avait pas été comprise avec le caractère
historique et documentaire que nous croyons devoir lui attribuer : c'était une sorte de vie
romancée où le sentiment jouait le rôle principal. Dans ces conditions, tout souci de précision
ou de rigueur avait pu être écarté. On n'avait cherché ni à déterminer les dates des lettres,
ni même à respecter celles de ces dates qui étaient connues. On s'était cru autorisé à
corriger un style parfois confus et à prendre une phrase ici, une phrase là, dans deux lettres
différentes pour les juxtaposer dans une oeuvre d'art composée à la manière des paysages
classiques. Je tiens à dire aussitôt que le résultat ainsi obtenu était parfait et peut-être
trouvera-t-on quelquefois que certains passages ont perdu à être reproduits exactement et
intégralement. Mais un éditeur moderne doit se considérer comme un dépositaire lié jusqu'au
scrupule par le respect du texte authentique ainsi que par la chronologie.
(a) LAUNAY, Louis de (ed.). Correspondance du grand Ampère, Paris: Gauthier-Villars, 1936,
t. I, p. v-viii.
(1) Paris, Perrin, 1925.
(2) Pour le nom d'Ampère, Mme Cheuvreux avait adopté l'usage anglais qui énumère tous les
prénoms. On a généralement suivi cet exemple. Mais Ampère s'est toujours appelé et a toujours
été appelé André et non André-Marie.
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