ils n'y fussent venus que leur donner des fers
et changer l'Amérique en de vastes déserts.
Ô toi qui sur les flots, guidé par ton courage,
aborda le premier ce funeste rivage,
toi dont la gloire est pure et qui dans ces climats
n'a point versé de sang, n'a point détruit d'états,
Colomb, inspire moi, rappelle à ma mémoire
tes périls, tes travaux, tes succès et ta gloire.
Dis moi comment l'envie en arrêta le cours
et troubla pour jamais le repos de tes jours,
dis moi tous les forfaits de cette bouche impie
dont le venin perfide empoisonna ta vie,
comment par ses complots le traître Bovillas,
des fers qu'il méritait, osa charger ton bras,
détruisit sans pitié dans sa rage effrénée
ces peuples soumis, la race infortunée,
sous des voiles sacrés sut cacher ses forfaits
et commis tant d'horreur au nom du dieu de paix.
Dans cet heureux séjour en héros si fertile
où triompha Cesar, où soupira Virgile,
où l'on vit Galilée aidé de nouveaux yeux
dévoiler les secrets que nous cachaient les cieux
Petrarque dans ses vers exhaler sa tendresse
Medicis des beaux jours de Rome et de la Grèce
rassemblant les débris par le temps dispersés
rallumer le flambeau des beaux arts éclipsés
et tant d'hommes fameux, l'honneur de l'Italie
éclairer l'univers des fruits de leur génie ;
la gloire et les beaux arts que ces vils empereurs
de Cesar et d'Auguste indignes successeurs
avaient longtemps chassés des bords de l'Italie
revenaient habiter leur antique patrie,
de leurs temples détruits relever les autels
de leur flambeau divin éclairer les mortels,
et sur terre à la fois étendant leur empire
[...] le pinceau, le compas et la lyre
peuple heureux qui deux fois fut comblé de leurs dons