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Comment Le Roy explique-t-il le coup foudroyant ?

Par Christine Blondel et Bertrand Wolff

Pour Le Roy, verre et porcelaine ont "une propriété singulière, dans laquelle paraît consister tout le mystère du coup foudroyant". Lors de la charge, quand la face interne du verre est reliée à la machine électrique et la face externe à un conducteur relié au sol, il ressort par cette face externe autant de fluide qu'il en entre par la face interne.
Le verre "acquiert alors, d'après Le Roy, la faculté [manifestée lors de la décharge] de donner du fluide électrique par la surface électrisée et d'en pomper par son opposée".

Lors de cette décharge, la face interne transmet son fluide en excès à la main de l'expérimentateur tandis que la face externe en pompe depuis l'autre main. C'est pourquoi l'on ressent simultanément la "commotion électrique" dans les deux bras.

Ceci constitue une bonne description du phénomène mais pose quelques problèmes d'interprétation.

Pour Le Roy comme pour la plupart de ses contemporains, le verre reste, au moins partiellement, transparent au fluide électrique. Mais alors pourquoi, s'il est transparent au fluide électrique, le verre de la bouteille de Leyde a-t-il cette "propriété singulière" de restituer lors de la décharge le fluide qui l'a traversé lors de la charge ? Le Roy ne l'explique pas, mais le présente comme un fait expérimental, une propriété que le verre ne partagerait qu'avec la porcelaine et peut-être un ou deux autres corps.

Lorsqu'il présente, dans ce même article de l'Encyclopédie, la théorie de Franklin, il en retient surtout la "prodigieuse condensation de fluide" sur une des surfaces du verre et la "raréfaction" équivalente sur l'autre. Ce qui lui permet d'affirmer : "on voit par cet exposé de la doctrine de M. Franklin que la nôtre y a assez de rapport". Mais en 1755, il n'accepte pas l'imperméabilité du verre affirmée par Franklin et ajoute aussitôt :

"nous sommes d'accord avec lui, quant aux effets en général, mais d'une opinion très différente de la sienne. [Selon Franklin] le verre est imperméable à la matière électrique [...] Or il ne prouve nullement l'imperméabilité du verre à la matière électrique".

Il est vrai qu'à l'époque cette imperméabilité du verre constituait également une hypothèse ad hoc dans le système de Franklin.

Par la suite Le Roy se convainc de la supériorité de la théorie de Franklin et devient un ardent "frankliniste" dans la controverse qui oppose Franklin à l'abbé Nollet.

 

Une bibliographie de "sources secondaires" sur l'histoire de l'électricité



Mise en ligne : octobre 2006