Bigeon à Ampère, André-Marie
A Monsieur Ampère, membre de l'Institut etc. etc. à Hyères
Toulon,
ce 11 février 1830 Monsieur, Toutes nos expériences ont réussi. J'ai obtenu
parfaitement le mouvement continu de rotation d'une double spirale électrodynamique
séparée par une feuille de papier d'un cercle de cuivre en mouvement. Ce
mouvement n'est pas extrêmement rapide, ce qui peut provenir du peu d'énergie de
la pile que j'ai employée, mais il l'est beaucoup plus que ne l'avait été
dans nos expériences le mouvement de rotation d'un conducteur flottant. J'ai
employé divers moyens de communication du fluide galvanique des conducteurs fixe au
conducteur mobile. Celui qui m'a le mieux réussi consiste en deux coupes percées
au centre, et amalgamées de mercure, la capillarité retenant une quantité
suffisante de ce liquide. J'espère au reste avoir le plaisir de vous voir dimanche
prochain, et vous donner les explications que vous pourriez désirer. J'ai fait aussi
quelques expériences galvanométriques en appliquant un fil de torsion de
cannetille [argent] à un galvanomètre à double aiguille qui étant
ramenée chaque fois à sa position primitive donnait la mesure du pouvoir
électrodynamique relatif. J'ai pu reconnaître ainsi qu'une surface de cuivre unie
produisait un effet un peu moindre qu'une surface rayée ou percée de trous
formant des bavures saillantes, que l'inclinaison des lames de cuivre et de zinc sur la ligne
qui joint leurs centres diminue l'électricité transmise ; qu'il en est de
même de l'écartement des lames ; que le principe posé par M. Marianini
touchant la proportionnalité de l'effet produit à la surface de cuivre
immergée indépendamment de la surface du zinc, ou à peu près ;
sensiblement vrai quand les deux surfaces électromotrices sont très
éloignées cesse de l'être quand elles sont très rapprochées,
l'effet maximum étant alors produit lorsque le cuivre est à peu près
égal en surface au zinc, c.à.d. qu'à chaque élément de la
surface d'un des métaux correspond un élément de l'autre, parallèle
et très peu éloigné. J'ai fait aussi quelques expériences sur les
liquides conducteurs pour déterminer ceux dont l'emploi est plus avantageux. J'ai lu
à la Société des sciences etc. de Toulon, le jour où vous lui avez
fait l'honneur de bien vouloir lui être associé, une analyse de ces
expériences que je vous communiquerai dimanche si vous en êtes désireux. Mille choses aimables de ma part à monsieur votre fils dont je regrette infiniment de
ne pouvoir cultiver la société aimable et instructive autant que je le
désire et que j'en aurais besoin, ainsi que de la vôtre, et vous, Monsieur, je
vous prie de recevoir l'expression des sentiments d'estime, de respect et d'admiration avec
lesquels j'ai l'honneur d'être votre dévoué serviteur.
Bigeon
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Source de l'édition électronique de la lettre : original manuscrit Paris, Archives de l'Académie des sciences, fonds Ampère, carton VIII, chemise 155.
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Lien de référence : http://www.ampere.cnrs.fr/amp-corr999.html
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