? [Un auditeur d'Ampère au Collège de France] à Ampère, André-Marie
Monsieur Ampère, professeur au Collège de France
s.d. [sur cette lettre, Ampère a ajouté des remarques personnelles ; elles sont
indiquées entre < … >]. < remarque importante d'un autre
auditeur : le libretto fait qu'on entend l'accent gascon ou normand de l'acteur qu'on
n'entendait pas auparavant. > Monsieur, Il me semble qu'il y a une
explication plus simple < l'écrivain ne donne pas d'explication, il décrit le
fait que j'explique > que celle que vous nous avez donnée par ce mot barbare de
concrétion du phénomène que vous avez rapporté et qui
s'observe dans une foule de cas. Il est très vrai que je vois distinctement les
lettres d'un mot placé à une certaine distance lorsque je sais quel est le mot
que ces lettres expriment, tandis que si je l'ignore, je ne les distingue pas. De même je
vois distinctement la forme des traits d'une personne qui m'est connue, tandis qu'à la
même distance je ne puis distinguer ceux d'une personne que je vois pour la
première fois. < Cela ne peut être qu'à cause de la concrétion
>. Lorsque j'entends parler pour la première fois une langue, je ne distingue aucun
mot, mais à mesure que je fais des progrès dans la connaissance de cette langue
je sépare les noms et je distingue les mots. Tout ceci ne vient-il pas de ce qu'une
image imparfaite suffit pour me rappeler une idée, lorsque j'ai la connaissance de cette
idée, tandis que dans le cas contraire elle a besoin d'être nette pour me la faire
concevoir. Dans l'exemple que vous avez cité de M. de Laplace, ces traits noirs ne
feraient pas distinguer le nom à celui qui ne saurait pas lire. < Certes oui dans mon
opinion, car ils ne réveilleraient pas les idées qui doivent se concréter
> Encore un exemple. Je puis lire et distinguer à une très faible lueur les
mots d'une page que je connais par cœur, tandis que je ne pourrais lire ceux de la page
suivante, que je ne sais pas. < Cela ne peut être qu'à cause de la
concrétion >. Je ne vois point là de concrétion, mais seulement la
preuve que les images n'ont pas besoin d'être nettes pour celui qui sait de quoi il
s'agit. C'est pour cela que celui qui connaît à fond la matière d'un livre,
comprend un auteur quelque obscur qu'il soit < à cause de la concrétion >,
tandis que l'étudiant ne le comprend pas ; et c'est encore pour cela que nous avons si
peu de bons livres élémentaires, tous ceux qui en composent de tels, connaissant
la matière, croient avoir expliqué clairement leurs pensées tandis que
celui qui apprend ne le comprend pas. C'est encore pour cela que nous apprenons mieux dans les
leçons orales que dans les livres, parce que le ton, les gestes, aident à rendre
plus claires les paroles du professeur. Agréez Monsieur l'assurance de ma haute
considération, Un de vos auditeurs.
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Lettre inédite
Source de l'édition électronique de la lettre : original manuscrit Paris, Archives de l'Académie des Sciences, fonds Ampère, carton XVIII, chemise 275. [Le manuscrit porte des remarques autographes d'Ampère.]
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Lien de référence : http://www.ampere.cnrs.fr/amp-corr974.html
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