Ampère, André-Marie à ?
Paris,
9 août 1825 Monsieur, La découverte des paragrêles dont la première
indication se trouve dans des expériences faites en grand aux environs de Munich et qui
ont été communiquées à l'Académie royale des sciences il y a
déjà longtemps, est trop importante pour que l'on ne réponde qu'à
demi, comme j'avoue qu'il me semble que l'a fait l'auteur d'un article que je viens de lire
dans le n° du Globe qui a paru aujourd'hui, aux objections qu'opposent à
cette découverte des personnes assez étrangères aux plus simples notions
de la physique pour prétendre que les arbres doivent être d'aussi bon conducteurs
des deux fluides électriques que des fils métalliques, et qu'en supposant que ces
fils n'ont qu'une ligne de diamètre, on ne peut en attendre aucun effet, parce qu'elles
croient apparemment qu'il faut qu'un conducteur métallique soit fort gros pour qu'il
ouvre un libre passage à ces fluides. Je ne peux néanmoins qu'applaudir
à l'article de votre journal où l'on répond à de si étranges
assertions, mais j'avoue que j'ai été surpris de lire à la fin de cet
article : "Ajoutons que quand même la physique ne pourrait rendre raison des effets
des paragrêles, ce ne serait pas un motif pour ne pas continuer les expériences
à ce sujet." L'auteur aurait raison de s'exprimer ainsi et de rappeler que l'on
n'a point encore d'explication certaine de la chute des aérolithes, et qu'on a cru
longtemps, avant qu'on connût la théorie du rayonnement, qu'il suffisait
d'intercepter par un simple abri celui qui a lieu sous un ciel serein, pour prévenir, du
moins en partie, les effets désastreux des gelées, mais ces réflexions
générales sont ici sans application. Il fallait au contraire faire remarquer que
d'après l'explication qu'a donné de la formation de la grêle le
célèbre physicien de Pavie [Volta?], et qui est généralement
adoptée, et d'après l'action connue des pointes sur l'électricité,
non seulement la physique rendait raison des effets avantageux des paragrêles, mais
encore que si l'observation n'avait pas confirmé les effets que leur ont
attribués ceux qui les ont proposés, c'eût été un fait dont
il serait bien difficile aux physiciens de rendre raison dans l'état actuel de la
science. Heureusement qu'ils ne se trouveront pas dans cet embarras puisque les succès
qu'on a obtenus partout où l'on a multiplié suffisamment les paragrêles ont
montré qu'ils diminuent assez la tension de l'électricité
atmosphérique pour prévenir la formation de la grêle. Il n'en est pas, au
reste, des paragrêles comme des paratonnerres, il suffit d'un seul paratonnerre pour
préserver de la foudre l'édifice sur lequel il est élevé, mais [le manuscrit s'achève ici]
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Lettre inédite
Source de l'édition électronique de la lettre : brouillon manuscrit Paris, Archives de l'Académie des Sciences, fonds Ampère, carton XIII, chemise 226 [Brouillon inachevé]
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Lien de référence : http://www.ampere.cnrs.fr/amp-corr973.html
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