Ampère, André-Marie à Ride, Gabriel (gendre d'Ampère)
(1)
bureau restant à Brest
Paris,
28 novembre 1832 Mon cher fils, Albine vous a écrit dans une lettre à Mme d'Arbet dont Mlle
Lagut lui avait donné l'adresse, pensant que vous auriez été voir cette
famille en arrivant à Brest et que c'était le meilleur moyen de vous faire
parvenir sa lettre. Nous n'en avons pas encore reçu de vous où vous nous marquiez
où il faut vous écrire dans cette ville avant le départ de la corvette
l'Allier. J'espère que nous recevrons incessamment de vos nouvelles. En attendant, je
vous écris bureau restant à Brest, comme je crois me souvenir que nous en
étions convenus. J'ai vu ce matin, au bureau des Pensions et traitements de
réforme au Ministère de la Guerre, sur votre pétition, l'apostille par
laquelle le Ministre de la Guerre accordait le transfert à la Pointe-à-Pitre de
votre traitement de 900 francs. Ce n'est que ce matin que j'ai pu m'en assurer parce qu'on ne
savait dans quel bureau elle avait été envoyée. Ainsi voilà qui est
arrangé. Il reste seulement les formalités à faire au Ministère de
la Marine, où j'irai demain presser l'envoi de l'ordre au payeur de la
Pointe-à-Pitre de vous solder chaque trimestre sur la présentation de votre
brevet, au fur et à mesure des échéances. On m'a dit, au bureau des
pensions et traitements de réforme, que ces formalités exigeraient une huitaine
de jours, mais que, si l'ordre au payeur ne pouvait partir qu'après le départ de
la corvette l'Allier, cela ne faisait rien et qu'il n'en pouvait, au pis aller, résulter
qu'un retard de quelques jours dans le payement à la Guadeloupe de votre trimestre de
janvier. Mme de Roquefort est toujours en négociation pour vendre son fonds de
pension ; elle ne peut partir sans cela. On lui a promis, à ce qu'elle m'a dit, qu'on
lui accorderait le passage sur un autre bâtiment de l'État si elle n'arrivait
à Brest qu'après le départ de la corvette l'Allier. Dans ce cas, vous
seriez à la Guadeloupe avant elle : ce qui n'aurait pas d'inconvénient pour vous.
On m'a dit ce matin que l'Allier partirait probablement vers le 4 décembre. J'attends
votre lettre pour le savoir ; car vous l'avez dû apprendre à Brest. Adieu, cher et
excellent fils, j'embrasse bien tendrement mon Gabriel et forme mille voeux pour le plus
heureux voyage, la bonne réception, la tendre amitié de l'oncle et tout le
succès possible ; bonne santé et fortune à souhait (1). Mille
fois tout à vous.
(1) A la suite de cette lettre, Albine en a écrit une autre qui se termine par : « Je
t'embrasse comme je t'aime. Ta chère petite amie Albine Ride. »
|
|