Crelle, August-Leopold à Ampère, André-Marie
Berlin,
le 8 juillet 1827 Monsieur, J'ose supposer que vous êtes informé de l'existence du
Journal de Mathématiques pures et appliquées que je publie depuis un an. J'ai eu
l'honneur de présenter, à la suite de quelques uns de mes propres écrits,
le premier tome de ce Journal à l'Académie royale des sciences à Paris, et
il a été accueilli par cette illustre société avec bonté.
Peut-être aussi la notice, qu'en a bien voulu donner M. Gergonne dans ses Annales de
mathématiques , tome XVII, cah. VII et X, n'a pas
échappé à votre attention. Dans cette supposition, je vous prie,
Monsieur, de me permettre de vous présenter ci-joint le premier tome qui a paru de mon
journal. Ayez la bonté de l'accepter comme un signe de l'estime distinguée que je
vous porte, et que vos excellents ouvrages m'ont inspirée ; ouvrages, qui feront
époque pour jamais dans l'histoire de la géométrie. Le journal que j'ai
l'honneur de vous présenter, a réussi dès son commencement plus que je
n'osais l'espérer. J'ai eu la satisfaction de voir qu'il a attiré non seulement
l'intérêt des géomètres et du public, mais qu'aussi le gouvernement
de mon pays a bien voulu lui accorder son approbation et lui assurer libéralement son
existence pour l'avenir. Ce gouvernement éclairé m'a mis en état de
continuer mon entreprise avec plus d'énergie. Ainsi encouragé, je
tâcherai de perfectionner encore davantage la composition de cet écrit
périodique. Je ferai mon possible pour n'y introduire que de bons mémoires,
j'exposerai des problèmes et des théorèmes, les premiers à
résoudre, les derniers à démontrer, et je ne me bornerai désormais
à la langue allemande, pour ne pas resserrer le domaine de l'ouvrage. Je publierai en
français ou en latin les mémoires qui pourraient avoir un intérêt
plus général. Le premier cahier du second tome est sous presse, et paraîtra
bientôt. J'aurai l'honneur de vous le présenter, ainsi que les continuations
ultérieures, si vous le permettez. Mais pour exécuter mon plan dans toute
son étendue, il faut que je m'adresse aux géomètres du premier rang,
à ces maîtres de la science même, en les invitant de vouloir bien favoriser
et orner mon ouvrage du secours de leurs lumières. C'est donc aussi à vous,
Monsieur, qui occupez un rang si distingué dans cette classe illustre, que je m'adresse,
en vous priant de vouloir bien seconder une entreprise, dont le but aura sans doute votre
approbation, en me faisant parvenir quelques uns de vos ouvrages inédits pour mon
journal, où ils seront imprimés avec tous les soins possibles et en
français. Je vous offre d'avance mes remerciements. J'ose espérer,
Monsieur, que ma demande, adressée à un savant, dont le zèle pour une
science si belle et si utile est si ardent, et qui ne cessera sûrement jamais de
contribuer à la faire prospérer, sera accueillie de vous avec bonté.
Dans cette espérance je vous prie, Monsieur, d'agréer l'assurance de la
très haute considération avec laquelle j'ai l'honneur d'être, Monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur. Crelle
Docteur en philosophie et membre du conseil [impérial] des bâtiments en Prusse. [ajouté par Humboldt] Le séjour de votre fils à Berlin,
mon cher et illustre ami, a rehaussé l'éclat de votre nom. En l'honorant, on a
cru vous honorer et vos grands et utiles travaux. Votre fils vous dirait avec moi que vous nous
devez, à lui et à nous, quelques participations à l'utile entreprise de M.
Crelle pour laquelle je sollicite votre intérêt. A. Humboldt.
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Source de l'édition électronique de la lettre : original manuscrit Paris, Archives de l'Académie des sciences, fonds Ampère, carton XXIV, chemise 351.
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Lien de référence : http://www.ampere.cnrs.fr/amp-corr1106.html
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