Couppier, Jean-Stanislas à Ampère, André-Marie
Lyon,
le 5 juillet 1806 Vous avez eu la bonté, mon cher ami, de me faire part de votre mariage et de tout
votre bonheur ; cela m'a inspiré le plus vif intérêt. Mais depuis votre
dernière lettre, j'ai parlé à bien des personnes de votre connaissance
sans avoir rien pu apprendre de positif, tellement que je ne puis pas savoir si vous êtes
marié dans ce moment. J'attends avec une bien vive impatience de savoir où
vous en êtes, comment vous vous trouvez de votre nouvelle position, quelles places vous
avez dans ce moment, si elles vous occupent bien, si nous n'aurons point le plaisir de vous
voir à Lyon, etc. etc. Vous savez combien je m'intéresse à tout ce qui
vous concerne, vous ne sauriez entrer dans trop de détails. Pour moi, mon cher
ami, je m'occupe toujours de la mesure des montagnes. J'ai bien avancé celle du Mont
Blanc, des montagnes du Bugey, de Pilat, Pierre-sur-haute etc. J'ai fait aussi des
baromètres pour avoir la hauteur de Lyon au-dessus de la mer : mais il s'est
présenté bien des difficultés. Vous savez que lorsque le tube de
Torricelli est d'un trop petit diamètre, le mercure ne s'y élève pas aussi
haut à cause de la capillarité. On prescrit donc de faire les tubes très
gros, mais par là on diminue le défaut sans le détruire puisque l'effet de
la capillarité est proportionnel au diamètre. On prescrit aussi de faire bouillir
le mercure dans le tube pour chasser la petite couche d'air et d'humidité qui s'attache
à la surface du verre. Par là, on diminue beaucoup l'effet de la
capillarité. Quelques auteurs croient même qu'on le détruit. Haüy va
jusqu'à dire que l'effet devient contraire, c'est-à-dire que le mercure se tient
plus haut dans un tube capillaire bien purgé par l'ébullition du mercure. La
plupart des observateurs paraissent penser autrement, c'est-à-dire que le mercure
s'élève toujours moins haut, et je ne doute pas qu'ils n'aient raison puisque le
mercure est toujours convexe dans ceux que j'ai le mieux purgé. En conséquence
Deluc et beaucoup d'autres font leur baromètre d'un tube en siphon renversé d'un
diamètre bien égal dans les deux branches : par là ils détruisent
l'effet de la capillarité, parce qu'il est le même suivant eux dans les deux
branches. Mais je crois qu'ils ont tort, car j'ai observé que la surface du mercure est
bien moins convexe dans la grande branche que dans la petite : la raison en est
évidente. Dans la petite, la surface du verre ne peut être purgée d'air et
d'humidité puisqu'elle est tantôt en contact avec l'air, tantôt avec le
mercure, suivant que le mercure monte ou descend, et vous savez que dès que les corps
touchent l'air, ils sont exposés à s'humecter un peu. Au reste,
l'expérience l'apprend dans ce cas. Que pensez-vous de cela et quel moyen de parer
à cet inconvénient ? mes baromètres sont faits comme ceux de Deluc et ont
3 lignes de diamètre. Adieu, mon cher ami, je vous embrasse de tout mon cœur
et suis à vous pour la vie. Je pars pour Claveisolles le 13 de ce mois de
juillet, et mon adresse sera alors à Claveisolles par
Beaujeu, département du Rhône.
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Source de l'édition électronique de la lettre : original manuscrit Paris, Archives de l'Académie des sciences, fonds Ampère, carton XXV, chemise 382.
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Lien de référence : http://www.ampere.cnrs.fr/amp-corr976.html
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