Ampère, André-Marie à Pommeroux, Etienne Tardif de, comte de Bordesoulle
[Ampère au Général commandant l’école Polytechnique]
A Monsieur le lieutenant général Comte de Bordesoulle,
8 mai 1828 Monsieur le Comte, Son Excellence le ministre secrétaire d’état au
département de l’Instruction publique vient de me nommer de nouveau à la
place d’inspecteur général des études que j’avais
précédemment remplie pendant seize ans. Les fonctions de cette place ne peuvent
se concilier avec les deux cours dont je suis chargé à l’école
royale Polytechnique. J’ai l’honneur, monsieur le comte, de vous prier
d’agréer ma démission de fonctions que je ne peux plus remplir
complètement. Si vous jugez qu’il soit de l’intérêt des
élèves que j’achève le cours commencé et qui doit se terminer
dans les derniers jours de juin prochain, j’ai lieu de croire que son Excellence voudra
bien m’y autoriser, mais il me serait impossible de rien faire au delà pour le
service de l’école royale Polytechnique. Je ne pourrais pas même le demander
à son Excellence, et cela serait d’ailleurs nuisible au cours que mon successeur
doit faire l’année prochaine aux mêmes élèves. Il semble
nécessaire que mon successeur fasse l’interrogation qui suit le cours, pour
qu’il reconnaisse par ce travail le détail des méthodes que j’ai
employées, et se mette ainsi au courant de ce que savent les élèves.
J’ose donc vous prier, monsieur le comte, d’arranger toutes choses pour que mon
successeur puisse entrer en fonctions le 1er juillet prochain, au plus tard. Sans cela je me
trouverais à l’égard des devoirs que j’aurais à remplir, dans
la situation la plus pénible. Me permettrez vous, monsieur le comte, à
l’instant où je quitte un établissement aussi célèbre que
l’école royale Polytechnique, d’oser vous faire une prière. Au
Collège de France et dans toutes les écoles spéciales, comme celles de
médecine, de droit, etc., on accorde, non à tous les professeurs qui se trouvent
dans le cas de cesser les cours qu’ils y font, mais à ceux dont on croit que les
travaux ont mérité cette distinction, le titre de professeur honoraire.
Pourrai-je espérer, monsieur le comte, après vingt ans de professorat, que votre
seigneurie pensât que je ne suis peut-être pas indigne d’obtenir de la
bienveillance dont elle m’a honoré, ce titre de professeur honoraire de
l’école royale Polytechnique auquel j’attacherais tant de prix comme la
distinction la plus honorable pour moi. Cette haute faveur mettrait le comble à la
reconnaissance que je vous dois et dont vos bontés m’ont
pénétré. Je serais toujours empressé dans ce qui serait compatible
avec les fonctions d’inspecteur général des études, de faire dans la
seule vue de vous prouver cette reconnaissance, tout ce qui pourrait dans la suite être
utile à l’Ecole polytechnique ou agréable à votre Seigneurie.
Je suis avec respect, monsieur le Comte, de votre Seigneurie, le très humble et
très obéissant serviteur, A. Ampère
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Lettre inédite
Source de l'édition électronique de la lettre : original manuscrit Palaiseau, Archives de l'Ecole Polytechnique.
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Lien de référence : http://www.ampere.cnrs.fr/amp-corr867.html
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