Ampère, André-Marie à Hubert de Saint-Didier, Balthazar
Monsieur de Saint-Didier, à Priay, par Pont d'Ain, département de l'Ain
[après le 1er août 1806] Mon cher ami, Il y a près d’un mois que je reçus une lettre de
vous qui me fit bien plaisir, car il n’est rien de plus doux pour moi que de voir que
ceux que j’ai aimés pensent encore à moi après que je les ai
abandonnés en me fixant à Paris. Oh, je ne les chéris pas moins ! Vous
devez m’en vouloir de ne pas vous avoir répondu plus tôt. Mais si vous
saviez quelles sont mes occupations. Je n’ai pas absolument un moment de loisir.
Cependant, peu de jours après avoir reçu votre lettre, je vous répondis et
commençai une longue lettre où je vous faisais les détails que vous me
demandez. Je ne sais comment j’ai égaré ce commencement de lettre.
Espérant toujours de la retrouver, j’ai perdu plus de temps à la chercher
qu’il ne m’en aurait fallu pour la recommencer. C’est ce que je fais
aujourd’hui dans la crainte que vous ne m’accusiez de négligence ou de peu
d’amitié. Ce serait une imputation bien injuste. Pressé par le temps qui
m’appelle à l’Ecole polytechnique où je dois donner une leçon
dans une heure, je me bornerai à vous dire que tout semble s’être
réuni pour me rendre aussi heureux qu’il m’était possible de le
devenir, que j’ai deux places, l’une à l’Ecole polytechnique,
l’autre au Ministère de l’Intérieur où je suis comme on vous
l’aura dit sans doute, secrétaire du bureau consultatif des arts et manufactures.
Cela absorbe tout mon temps. A peine m’en reste-t-il pour travailler à un
mémoire de mathématiques que je veux présenter à l’Institut
et auquel je travaille depuis longtemps sans qu’il avance beaucoup faute de temps. Je ne
crois pas qu’il y ait aucune autre physique que celle de M. Haüy qui mérite d’être étudiée, mais si son grand
ouvrage vous effraye, vous pourriez vous procurer un abrégé qui en a
été fait par M. Lucas, conservateur adjoint du Muséum d’histoire
naturelle. Ce n’est qu’un petit volume in 8° où vous trouverez toute la
substance de ce qui est dans le grand traité de M. Haüy. Ma femme me charge de vous
faire mille compliments de sa part, j’y joins mille amitiés de la mienne et vous
prie de présenter mon respectueux hommage à Madame votre mère. A.
Ampère [lettre écrite après le 1er août 1806, date du
remariage d'Ampère avec Jenny Potot]
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Lettre inédite
Source de l'édition électronique de la lettre : original manuscrit Paris, Archives de l'Académie des sciences, fonds Ampère, carton I, chemise 1, f 8- 9 A
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Lien de référence : http://www.ampere.cnrs.fr/amp-corr844.html
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