Ampère, André-Marie à Ampère, Jean-Jacques (fils d'Ampère)
(1)
à Beauséjour, entrée du Bois de Boulogne, Passy, banlieue de Paris, département de la Seine
Marseille,
6 juin [1836] Je n'ai pas compris, mon bon fils, pourquoi tu avais donné ton adresse à
l'admirable docteur, rue de Grenelle-Saint-Germain, n°75. Comprenant bien que
c'était une chose arrangée, je ne lui ai pas dit que ce n'était pas ton
adresse ordinaire. Aussi, il t'y a déjà écrit. S'il n'y avait eu
d'arrangements pris que pour une première lettre, fais réclamer l'autre ! Comme
j'ignorais si j'aurais aujourd'hui la force de me lever pour qu'on fasse mon lit et de
t'écrire le mot que j'écris à présent, je le priai de te mander
qu'étant encore ici pour quinze jours au moins, on devait de suite m'y écrire de
Paris tout ce qu'il y avait à me faire savoir. D'abord c'est : 1°
l'autorisation du Ministre à ajourner mes examens jusqu'à parfaite
guérison dont M. le docteur Cauvière sera juge. 2° De savoir si un
premier payement a été fait à Gabriel par la maison Michel Albain,
à la Nouvelle-Orléans et si M. Errard, dont Michel Albain est correspondant, a
été remboursé par ma soeur. Ces remboursements sont d'une telle importance
qu'il vaudrait mieux laisser protester un billet que d'en retarder un. 3° De savoir
si Lenoir a fait partir sa lettre pour M. Alphonse Ride dont il m'a lu le brouillon ; quand il
fera partir la lettre qu'il m'a promise pour M. Gabriel Ride. Si tu t'informes de suite de ces
deux choses que tu ne sais pas, et que tu m'écrives tout de suite, je pourrais
être, dans huit ou neuf jours, hors des plus horribles angoisses d'inquiétudes. Outre M. de Gasparin, pour appuyer l'autorisation si elle pouvait souffrir
difficulté, M. Cauvière m'a dit que le député Renard de Marseille,
avec qui tu es lié depuis longtemps, est intime ami de M. Pelet de la Lozère, a
le plus grand crédit sur lui, et, outre l'amitié qu'il te porte, ferait tout pour
toi à la recommandation de M. Cauvière. Je succombe à la fatigue
d'écrire. Je te quitte avec ma tendresse que rien ne peut dire. Ton père,
A. AMPÈRE
(1) Deux pages in-4°, adresse sur la seconde. Le timbre de la poste porte 7 juin. Ampère est
mort quatre jours après avoir écrit cette lettre, le 11 juin 1836, à 61 ans.
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