Ampère, André-Marie à Ampère, Jean-Jacques (fils d'Ampère)
(1)
rue du Bac, n° 10 bis, faubourg Saint-Germain, à Paris
Tournon,
2 juin 1831 Je te remercie bien, mon cher fils, de la lettre que tu m'as écrite ; elle me
tranquillise sur Albine, dont j'étais bien inquiet, ne sachant pas si elle était
encore à Courtemot, ou bien à Paris, comme tu me l'apprends. Je vois aussi
comment tu t'es arrangé. Puisque cela ne pouvait être autrement, il faut bien me
résigner, en attendant que d'autres événements fassent naître
d'autres arrangements et que je me retrouve avec toi. Nous nous verrons bien souvent et je sais
bien que la rue du Bac convient mieux à toutes tes liaisons que celle des
Fossés-Saint-Victor. Mais, cependant, la pensée de cette sorte de
séparation m'a été bien dure. D'un autre côté, comment
repousser d'auprès de moi ta malheureuse soeur dans l'affreuse position où elle
se trouve ? Tu as bien fait de porter dans ton nouveau domicile tout ce dont tu pouvais avoir
besoin ; tu sais bien que tout ce qui est à moi est à toi. Je suis bien
fâché que Ride se soit mêlé d'une chose qui ne le regardait pas ;
mais, dans l'état où est sa tête, il ne faut pas lui en vouloir. Nous
sommes venus de Lyon ici en nous arrêtant trois jours à Vienne où il y a un
collège communal que nous avons inspecté ; nous n'irons à Grenoble qu'en
revenant de Marseille. Ainsi je ne verrai M. et Mme de Gasparin qu'à la fin du mois ou
les premiers jours de juillet. Mais, dans trois jours, nous nous arrêterons quelques
heures à Orange pour voir M. Auguste et Mme Laure et montrer à M. Naudet les
antiquités d'Orange. Nous irons le même jour, dimanche prochain, coucher à
Avignon. A Vienne, je suis tombé de mon lit en dormant, ce qui m'a drôlement
balafré la figure ; il n'en reste plus à présent que de faibles traces.
Cela a été un grand bonheur pour mon rhume ; le repos forcé et dix
sangsues au front ont été plus utiles encore à la poitrine qu'à la
tête qui aurait bien guéri sans cela. Je ne tousse presque plus. Les
objections, qui n'étaient cependant que des doutes dans l'esprit de M. Gilibert, ont
amené au tableau les dernières modifications qu'il recevra jamais. Pourvu que tu
les approuves ! Il me tarde d'être à Paris pour te les dire. C'est
précisément dans la partie que j'en croyais le moins susceptible en quittant
Paris. Je serai : à Avignon, dimanche 5 juin ; Nîmes, dimanche 12 ; Aix,
dimanche 19 ; Marseille, jeudi 23. Tu peux m'y écrire jusqu'à ces époques
partout où je reste huit jours, parce que ce temps est plus que suffisant pour que les
lettres aient le temps d'arriver. Excepté à Aix, comme j'y reste moins, il ne
faudrait m'y écrire que jusqu'au 15 juin. Après, à Marseille. J'ai vu
Alexis à Bourg et fait tes commissions. J'ai vu à Lyon toute la famille en bonne
santé qui te comble d'amitiés, les Périsse, les Empaire, Francisque et sa
femme, ainsi que Bredin et ses enfants. J'ai vu aussi M. et Mme de Jussieu, Mme Morteuillet,
Mlle Morandy ; tout cela me parle de toi avec tout l'intérêt possible. M. Naudet
aussi. Voilà faites les commissions dont je suis chargé pour toi. Ton papa
t'aime et t'embrasse mille fois de tout son coeur. A. AMPÈRE
Je reçois dans l'instant une lettre de ta soeur, qui a consulté M. Serres, avec
un billet de M. Serres. Sa santé est inquiétante. M. Ride m'écrit aussi :
en lui répondant, je lui dirai ce qu'il convient sur sa lubie au sujet des meubles.
(1) Quatre pages in-4°, adresse à la fin.
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