@. Ampère et l'histoire de l'électricité 

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@.ampère

Correspondance d'Ampère, Lettre L742

Présentation de la Correspondance

Ampère, André-Marie      à      Ballanche, Pierre-Simon (1)

rue du Cherche-Midi, n° 23, faubourg Saint-Germain, à Paris
Marseille, Mercredi 31 mars 1830

Cher bon ami, je suis auprès de mon fils depuis avant-hier au soir ; hier je l'entendis professer pour la première fois, et tu sens quel plaisir j'eus à le voir applaudir par 600 auditeurs. Je fus bien content de sa leçon. Je l'entendrai encore vendredi, samedi et mardi ; puis nous irons ensemble à Orange, et ensuite moi seul à Lyon. Je me trompe, ce n'est pas lui que j'entendrai samedi ; ce sera toi, cher ami, par sa bouche. Je remercie d'avance : de tout le plaisir que fera et à moi et aux auditeurs de mon fils, le Mont Sacré et les derniers accents de Virginie.
Bon ami, j'ai reçu 500 francs outre les 750 précédents et, quand tout a été payé à Hyères, je me suis trouvé avec 150 francs de reste pour tout potage. C'est pourquoi, pensant que, si ma fille t'a remis 1000 francs comme elle me l'avait d'abord promis, tu as 500 francs à moi ; que, si elle ne t'en a remis que 800, tu en as du moins 300, j'ai emprunté à M. Denis en quittant Hyères une somme de 500 francs, pour laquelle je lui ai donné un billet de même valeur payable par toi le 10 mai prochain rue du Cherche-Midi, n° 23. J'ai mis cette date assez éloignée afin que, si ma fille ne t'a pas remis les 1000 francs ou ne t'en a remis qu'une partie, ma soeur, qui reçoit tous mes appointements, puisse te les compléter avant le 10 mai. Je lui écris à ce sujet par le même courrier. Dès lors, dès que, soit de ma fille, soit de ma soeur, tu auras reçu les 1000 francs et que tu auras ensuite payé le billet de 500 francs fait à M. Denis, nous serons quittes. D'un autre côté, la route d'Hyères ici payée, il me reste 600 francs pour mes séjours ici, à Orange et à Lyon et le chemin que j'ai à faire pour m'y rendre. Il est inutile que tu fasses passer de l'argent à Gasparin ; si j'en ai besoin à Lyon, je dirai à ma soeur de te remettre en outre 300 francs par exemple, que tu m'y ferais passer chez Bredin. Cela sera nécessaire si je retourne à Paris avant la tournée que je me flatte de faire cette année ; cela peut l'être aussi dans le cas contraire. Ainsi, je vais écrire à ma soeur de s'arranger pour te remettre 300 francs de plus, que tu me garderas jusqu'à nouvel ordre.
Maintenant il me reste deux prières à te faire : la première que, si tu sors le I0 mai avant qu'on t'ait présenté mon billet pour M. Denis, de laisser en sortant 500 francs à ton portier pour le payer et te le remettre acquitté ; la deuxième, à laquelle j'attache plus d'importance encore, c'est, je t'en supplie, de m'écrire chez M. Adrien de Gasparin à Orange, département de Vaucluse où je serai dans huit jours, parce que mon fils profitera de la vacance avant et après Pâques pour pouvoir y aller avec moi : de m'écrire, dis-je, si ma fille t'a remis l'argent suivant ce qu'elle m'a promis et si c'est 1000 francs ou 800 francs. Maintenant, mon cher ami, j'attends des nouvelles de Paris pour savoir si je serai près de toi avant six semaines où si j'attendrai à Lyon un collègue de tournée à faire dans le Midi, suivant la bonne idée inspirée à M. de Mussy par son amitié pour moi.
Je voudrais bien que tu dises à ceux de mes amis que tu serais dans le cas de voir, qu'à partir du jour où tu recevras cette lettre, mon adresse ne sera plus ici, mais à Orange chez Gasparin. Des circonstances que j'aurai soin d'éviter une autre fois m'ont exposé aux changements de température les plus faits pour me réenrhumer, sans qu'il en soit rien résulté ; la moindre toux n'a pas même fait semblant de revenir ; cela seul démontre combien ma guérison est radicale et complète. Il n'en avait pas tant fallu à Caen pour me mettre à deux doigts de la mort.
Mon fils et moi nous t'embrassons mille fois de toute notre âme. Je te prie de combler d'amitiés ceux de nos amis que tu auras l'occasion de voir. Dis-leur combien je suis complètement guéri. Mille fois à toi.

A. AMPÈRE



(1) Quatre pages 19,5 x 25,5, adresse sur la quatrième. Le début et quelques lignes de la fin
ont été publiés par Mme Cheuvreux, t. 2, p. 15.

Correspondance du Grand Ampère, tome II, p. 711-712
  Source de l'édition électronique de la lettre :
DE LAUNAY (Louis). Correspondance du Grand Ampère. tome II. Paris : Gauthier-Villars, 1936. p. 711-712


  Autre source de la lettre : original manuscrit
Paris, Archives de l'Académie des sciences, fonds Ampère, carton XXVI, chemise 393 quarto


Voir le fac-similé :
Lien de référence : http://www.ampere.cnrs.fr/amp-corr742.html

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