Ampère, André-Marie à Faraday, Michael
(1)
M. Faraday, à Londres.
Paris,
23 septembre 1823 Monsieur, J'ai mille remerciements à vous faire de votre mémoire
sur la liquéfaction des gaz dont vous avez eu la bonté de m'envoyer un
exemplaire. Je crois que j'ai un autre remerciement à vous faire au sujet des feuilles
destinées à compléter mon recueil d'observations
d'électrodynamique, dont M. Pouillet s'était chargé de vous remettre
plusieurs exemplaires ; lorsqu'il fit dernièrement un voyage à Londres, il
m'avait promis de vous prier d'en joindre un à votre exemplaire et de donner les autres
à quelques-uns des savants anglais qui devaient aussi en avoir d'incomplets. Il m'a dit
à son retour que votre absence l'avait privé de l'avantage de vous voir, mais
qu'il les avait laissés chez vous et, d'après l'amitié que vous m'avez
toujours témoignée, je pense que vous aurez bien voulu les remettre en effet aux
personnes à qui ils étaient adressés et je vous en exprime ici toute ma
reconnaissance. Comme j'avais donné à beaucoup de personnes des exemplaires de
mon recueil avant que l'impression en fût achevée, je me trouve aujourd'hui ayant
beaucoup de feuilles de la fin de ce recueil et presque plus de commencements. C'est pourquoi,
s'il y en a d'incomplets à Londres dans les mains de personnes de votre connaissance,
vous me feriez bien plaisir de leur dire qu'en m'écrivant ce qui leur manque je le leur
enverrai de suite. J'ai eu enfin hier le plaisir que j'espérais goûter plus
tôt de vous voir nommé par l'Académie des Sciences de Paris au nombre de
ses Correspondants (2). Je sais qu'il y a peu de savants qui y eussent plus de droits et cette
justice rendue à vos nombreuses et importantes découvertes est une chose en
même temps bien heureuse pour moi puisque je deviens ainsi le collègue d'un des
hommes qui m'ont montré les sentiments d'un ami et à qui je m'enorgueillis de
pouvoir donner ce nom. Je vous prie de recevoir les assurances de cette amitié que
je vous ai vouée et de la haute considération avec laquelle j'ai l'honneur
d'être, Monsieur, Votre très humble et très obéissant
serviteur. A. AMPÈRE Traduction anglaise
publiée dans Frank A. J. L. James (ed.), The Correspondence of Michael Faraday,
London: IEE, vol. 1 (1811-1831), 1991, Letter 211. (localisation du manuscrit : Deutsches
Museum Handschrift 3322) Paris, 23 September 1823 Sir,
I owe you a thousand thanks for your paper on the liquefaction of gases of which you so
kindly sent me a copy. I believe that I must thank you also for the pages destined to complete
my collection of electro-dynamic observations, of which Mr. Pouillet undertook to give you
several copies, when he recently travelled to London, he promised that he would ask you to
attach one to your copy and to give the others to some of the English philosophers who must
also have incomplete ones. He told me on his return that your absence had deprived him of the
privilege of seeing you; but that he had left them for you and judging by the friendship you
have always shown me, I expect you will have wished to give them in fact to the persons to whom
they were addressed and I express here all my gratitude. Since I had given to many people
copies of my collection before the printing was complete, I find myself today having a lot of
sheets from the end of the collection and almost none of the beginning. That is why, if there
are any incomplete copies in London in the hands of people that you know, you would greatly
please me if you asked them to write to me as to what they are missing and I shall send it to
them by return. I at last had the pleasure yesterday that I had hoped to experience
earlier, of seeing you nominated by the Académie des Sciences in Paris to the number of
its Correspondents. I know few philosophers who have more right to this and this justice done
to your numerous and important discoveries is at the same time a very happy event for me since
I thus become the Colleague of one of the men who has shown me the feelings of a friend and to
whom I prided myself on being able to give this name. I beg you to accept the assurances
of this friendship which I have vowed to you and of the high regard with which I have the
honour of being, Sir Your very humble and very obedient Servant A.
Ampère
(1) Deutsches Museum de Munich déjà publié dans Archéion, XVIII, 1836.
(2) Faraday a été en effet élu Correspondant pour la Section de Chimie le 22 septembre
1823.
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