Ampère, André-Marie à Roux-Bordier, Jacques
(1)
Paris,
25 mai 1819 Mon cher et excellent ami, je suis le plus grand misérable du monde de n'avoir pas
répondu à vos différentes lettres : elles m'ont pourtant fait un
extrême plaisir. On ne peut défendre avec plus d'esprit les plus mauvaises causes,
à mon avis ; mais, comme je ne prétends pas, sur la psychologie et la politique,
que mes opinions soient les meilleures, je me plais beaucoup à voir ce qu'on peut dire
contre elles. Il est assez singulier qu'il se rencontre entre nous une opposition presque
complète sur ces deux sujets, tandis que je partage en grande partie votre
manière de voir sur d'autres sujets : par exemple, sur les questions traitées
dans le livre de Ballanche . A chaque lettre que vous m'avez
écrite, j'ai composé dans ma tête une longue réponse qui
établissait en général précisément tout le contraire de ce
que cette lettre contenait. Je me proposais de l'écrire incessamment ; mais, comme
c'était une grande entreprise, le temps passait d'une occupation à une autre. Je
recherchais mes idées pour les écrire enfin, et il en allait comme la
première fois. Ainsi accablé d'occupations, j'ai laissé passer le temps.
Prêt à partir pour une inspection des collèges royaux de Lyon, Nîmes,
Marseille et Grenoble, serai-je assez heureux pour vous voir dans ce voyage ? Vous ne sauriez
comprendre combien je le désire. A Lyon surtout, où je passerai quelques jours du
4 au 7 juin, et du 20 au 25 août en revenant. Si je ne puis à Lyon, du moins au
Molleron ou à Orange chez Gasparin, quoique je ne puisse que passer comme
l'éclair dans ces deux endroits et que nous ayons des montagnes de choses [...]
[fin de la lettre conservée à Genève, voir L579]
(1) Lettre de deux pages in-4° inachevée, faisant double emploi avec la lettre précédente.
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