Ampère, André-Marie à Maine de Biran, Pierre
[autour du 1er mars 1807] Mon cher ami, je n'ai point reçu de vos nouvelles depuis la lettre où je vous
annonçais le cours, moitié mathématique, moitié
métaphysique, que je me proposais de faire [à l'Athénée de Paris],
et où je vous envoyais le programme de ce cours. J'en ai déjà fait cinq
leçons, dont la dernière a roulé uniquement sur la psychologie,
c'est-à-dire, suivant la définition que j'en ai donnée, sur la science
où l'on se propose d'examiner et de classer les phénomènes que
présente l'intelligence humaine, comme le naturaliste se propose d'examiner et de
classer les objets extérieurs. Voici le précis de cette leçon, sur
lequel je vous prie de me dire votre avis, quoique je sache bien qu'il ne sera point conforme
en tous points à votre manière de voir, surtout relativement aux
dénominations que j'emploie. La plupart semblent souvent peu convenables pour
désigner exactement ce que je leur fais signifier ; mais, comme le grand nombre de ces
phénomènes exige une méthode de classification complète et
précise, où l'on puisse assigner le caractère distinctif de chaque genre
et de chaque espèce de phénomènes, et une langue où chacun d'eux
soit représenté par une dénomination particulière, on est entre ces
deux écueils, d'inventer des mots nouveaux, auxquels personne ne pourrait s'accoutumer,
ou de tâcher de profiter, le moins mal qu'il est possible, des mots déjà
usités. En prenant ce dernier parti, le seul qu'on puisse adopter si l'on veut
être entendu, il faut bien se résoudre à modifier un peu le sens ordinaire
des mots. L'homme agit et connaît, de là deux classes de
phénomènes, ceux qu'il présente comme être agissant, ceux qu'il
offre comme connaissant. Ces deux classes de phénomènes ne se développent
que l'une par l'autre. Comment agirait-on sans connaître ? Et quelles seraient les
connaissances dans un être qui ne réagirait pas du moins sur les impressions qu'il
recevrait ? C'est précisément parce que ces deux classes de
phénomènes dépendent mutuellement l'une de l'autre et ne peuvent se
développer que simultanément, qu'il me paraît impossible, sans cette
première distinction, d'embrasser dans une classification conforme à la nature,
les phénomènes que nous observons dans l'être qu'elles nous offrent sous
deux points de vue si différents. Je vous prie de relire sur ce sujet un
excellent passage de M. de Tracy, pag. 9 et 10 de sa Logique . On ne saurait concevoir qu'un être pût commencer à
agir si tout lui était indifférent. Le premier point de vue offre donc deux
ordres de phénomènes, 1°. Tout ce qui constitue en lui attrait ou
répugnance pour quelque chose que ce soit ; je nommerai en général
déterminations, les phénomènes de cet ordre. 2°. Toutes les actions,
c'est-à-dire toutes les modifications qu'il produit lui-même dans ses
manières d'être, indépendamment du changement des circonstances où
il se trouve. Ce qu'on nomme attention est une action, d'après cette définition,
soit qu'elle se borne à modifier l'état du système nerveux, soit qu'elle
change par des mouvements imprimés aux organes sensitifs, l'état où se
trouvent ces organes. Sous ce second point de vue l'homme présente 1°. des
idées, mot que je définirai comme M. Degérando dans l'ouvrage
couronné par l'Académie de Berlin [?], pag. 109, ce que nous apercevons, ce que nous voyons, ce que nous
connaissons, ce que nous savons, en un mot ; cet ordre de phénomènes comprend
donc les idées que la présence des objets nous donne de ces objets. Il a
restreint à la vérité l'emploi de ce mot aux souvenirs, images, etc., que
nous conservons en l'absence de ces objets, mais il y était forcé par la question
même proposée par l'institut qui eût été absurde sans cela.
Locke et Condillac [?] ont souvent donné la même généralité au
mot idées. 2°. des coordinations entre ces idées par lesquelles elles
se réunissent pour former ces groupes qu'on nomme idées complexes.
Voilà les quatre ordres de phénomènes auxquels j'ai cru devoir rapporter
tous ceux que présente l'homme considéré psychologiquement :
déterminations, actions, idées, coordinations. Il me reste à vous faire
voir, en les subdivisant en genres et en espèces, qu'il n'en est en effet aucun qui n'y
soit compris. Ils correspondent à la division des diverses applications de la
psychologie en quatre sciences, la morale qui étudie nos déterminations, et
rectifie celles qui doivent l'être, l'économie qui nous enseigne à diriger
nos actions de la manière la plus convenable vers le but que nous nous proposons,
l'idéologie où nous examinons nos idées, et la manière dont nous
les acquérons, la logique qui s'occupe des moyens de rendre les diverses coordinations
de ces idées conformes à la vérité. Pour subdiviser ces
quatre ordres en genres, j'appellerai les déterminations, affections, tant qu'elles
rendent heureux ou malheureux l'être qui les présente. Ainsi le plaisir, la
douleur, le repos, la joie, le désir, l'impatience d'un événement
désiré, la colère, l'admiration, la crainte, l'espérance, etc.,
seront des affections. J'aurai soin de distinguer par des épithètes les diverses
espèces d'affections. II y a deux cas où nos déterminations cessent
de nous rendre heureux ou malheureux, lorsqu'elles se rapportent à une chose qui ne
dépend que de nous, ou à une conception à la réalité de
laquelle nous ne pensons pas, dans le premier cas ce sont des volontés, dans le second
je les nominerai des inclinations. La preuve que nous avons encore attrait ou
répugnance pour les choses mêmes que nous regardons comme impossibles, c'est que
si nous venions à changer d'opinion à cet égard, nous serions sur-le-champ
agités de désir ou de crainte. De même quand nous avons l'idée
abstraite d'une mauvaise action ou d'une action héroïque, nous avons de la
répugnance pour la première, de l'attrait pour la seconde, puisque dès que
nous leur attribuons l'existence nous souffrons ou nous jouissons. Ce qui n'a pas lieu lorsque
nous y pensons d'une manière purement abstraite. Cela vous fait assez comprendre ce que
j'entends par inclinations. Nos actions présentent une différence bien
essentielle, suivant qu'elles sont déterminées immédiatement par nos
affections, sans que nous pensions à les faire ou que nous les voulions, telles sont
celles qu'on nomme instinctives, et les contractions musculaires, la pâleur, etc., qui
décèlent souvent malgré nous ces affections, ou que nous ne les faisons
qu'avec la connaissance de ce qui en résultera. Faute de mots français pour
exprimer cette différence je n'ai employé que le nom générique
actions, pour les diverses espèces de phénomènes qui appartiennent
à cet ordre, en joignant seulement l'épithète spontanées aux
actions déterminées immédiatement par nos affections, et me servant du
seul mot actions, pour les vraies actions accompagnées de la connaissance de ce qu'on
fait et de ce qui en résultera. Je distingue trois genres de coordinations : les unes ne
dépendent nullement de nous, elles constituent pour nous des vérités, des
faits, en en changeant seulement l'ordre des idées qu'elles associent, il en
résulterait des faussetés. Ces sortes de coordinations sont des jugements. Nous
coordonnons à volonté les idées que nous avons des actions que nous nous
proposons de faire ; ce sont là des coordinations faites d'avance que je nomme
préordinations. Nous coordonnons également à volonté les
idées auxquelles nous n'attribuons aucune existence ; ces coordinations prendront le nom
de combinaisons. Ainsi l'ordre des couleurs du spectre coloré, rouge, orangé,
etc., est pour moi un jugement, mais lorsque je combine différents moyens d'atteindre un
but que je me propose ou de pures conceptions quand je m'abandonne à mes rêveries,
je ne fais que des combinaisons. Vous voyez, mon cher ami, que ma définition du
jugement diffère beaucoup des définitions ordinaires, voici mes raisons.
1°. On a dit que le jugement résultait de la comparaison de deux idées. Mais
M. Degérando a fait voir (Des signes et de l'art de penser, t. I, pag. [5]) qu'il y avait des jugements sans
comparaison, par simple association, c'est-à-dire précisément par ce que
je nomme coordination. De plus la comparaison est une action consistant dans une double
attention, pour découvrir un rapport ; dès qu'on le découvre, ce rapport
est une perception, et il n'y a jugement que parce que cette idée de rapport
aperçue, s'associe à l'un des termes ou à tous deux, comme une autre
perception s'associerait de même, d'après les lois de notre existence. Ainsi,
qu'en comparant le cuivre au fer, j'aperçoive ce rapport qu'il est plus lourd, cette
idée d'être plus lourd grossit le groupe de l'idée complexe des
propriétés du cuivre. Comme l'idée de l'odeur particulière de ce
métal grossit le même groupe quand je viens à m'en apercevoir. Il y a
également dans ces deux cas une nouvelle idée perçue, et une coordination
de cette idée qui constitue un jugement. Dans les deux cas ces deux actes sont
inséparables d'après les lois et l'état actuel de notre organisation. 2°. On a dit que le jugement consistait à voir dans une idée complexe une
des idées partielles dont elle était composée. Je dis que le jugement
consiste à ce qu'elle y soit ; si on ne l'y voyait pas elle n'y serait pas
explicitement, elle n'y serait pas du tout, car il n'y a réellement dans l'idée
complexe que j'ai actuellement, que ce que j'y vois actuellement. Cette
définition serait donc à peu près la même que la mienne si l'on ne
parlait que des coordinations qui ne dépendent pas de nous, les seules que j'appelle
jugements, car dès qu'elles dépendent de nous il en est tout autrement ; ainsi
quand j'imagine un palais pavé de diamants, soutenu par des colonnes de cristal, je vois
l'idée de ces colonnes dans l'idée complexe de tout le palais. Mais ce n'est pas
là un jugement, puisque ce n'est pas une vérité, un fait, et que je puis y
substituer alternativement des colonnes de rubis, de saphir, sans qu'il en résulte une
fausseté. La subdivision des idées tient à une autre
considération, celle des sortes d'existence qu'elles nous présentent. Bien
entendu que nous n'acquérons l'idée de ces diverses sortes d'existence, et
même de l'existence en général, qu'en comparant des groupes d'idées
qui en étaient revêtus, par opposition à des groupes qui ne nous offraient
pas la même sorte d'existence. Il s'ensuit qu'il faut admettre comme fait
primitif, que tantôt nos idées s'offrent à nous comme nous donnant les
connaissances du présent qui se trouve dans la sphère de notre sensibilité
actuelle, tantôt comme la connaissance de notre sensibilité passée,
tantôt comme celle de l'avenir qui ne dépend que de notre volonté,
tantôt comme l'image de ce qui existe au delà de ce passé, de ce
présent, de cet avenir, qui sont en quelque sorte à nous, c'est par là que
nous franchissons en quelque sorte les limites de notre être pour nous emparer du reste
de l'univers, tantôt enfin comme la pure conception d'un avenir intellectuel auquel nous
n'attribuons aucune existence hors de notre pensée. Dans le premier cas nous nous
trouvons dans les circonstances propres à acquérir l'idée, et tant que
durent ces circonstances je la nomme perception. A moins d'admettre la chimère des
idées explicitement innées [astérisque renvoyant à la note en bas
de manuscrit : *Je dis explicitement innées, parce que quelques auteurs, Leibniz entre
autres si je ne me trompe appellent idées innées la simple propension ou
disposition à acquérir telles ou telles idées. Ce n'est plus alors telles
ou telles idées, ce n'est plus alors une fausseté manifeste, mais une
hypothèse qui, bien analysée ne signifie rien, car on ne peut contester cette
disposition, non plus que la propriété qu'a l'oxygène de se combiner avec
certains corps, avant qu'il ne les ait rencontrés, mais que tirer de cette
considération ?], il faut reconnaître que nous n'avons aucune idée qui
n'ait été perception, c'est-à-dire que nous n'ayons reçue dans des
circonstances propres à ce que nous puissions l'acquérir; tant que durent ces
circonstances où nous pourrions l'acquérir si nous ne l'avions
déjà, elle se nommera ainsi. Ces circonstances sont pour les idées des
impressions faites sur nos organes extérieurs ou internes, la présence de la
cause de cette impression comme l'admission dans l'oeil de certains rayons pour la perception
du rouge. Pour nos idées de rapports, c'est la présence simultanée
à l'entendement des idées entre lesquelles nous pouvons apercevoir ces rapports.
En sorte que tant que nous avons présente la démonstration de
l'égalité du quarré de l'hypoténuse, et de la somme des
quarrés des deux côtés, ce rapport d'égalité est une
perception. Il n'est plus qu'un souvenir, espèce particulière de
représentation, quand je me rappelle d'avoir compris cette démonstration sans
qu'elle me soit encore présente ; il n'est plus qu'une conception, quand je me fais
l'idée d'un homme grand comme les tours de Notre-Dame, idée que je ne peux me
former que par la présence de deux choses réellement égales, ou du moins
vues telles, [ce qui] m'a donné l'idée du rapport d'égalité, et que
j'en fais une combinaison arbitraire avec celles que j'ai d'un homme et de la hauteur de ces
tours. Après que les circonstances propres à ce que nous ayons la
perception d'une idée n'existent plus, elle n'est pas anéantie pour cela, des
causes capables de la réveiller, sans pouvoir en aucune sorte nous la donner, en
occasionnent le réveil, elle est alors accompagnée d'une conviction que nous
l'avons éprouvée, et prend en conséquence le nom de souvenir. On a dit que
dans le souvenir il y avait l'image de ce que nous avions éprouvé, jointe au
jugement que nous l'avions éprouvé. Je rejette absolument cette manière de
voir qui supposerait que nos idées se présentent d'abord à nous comme de
pures conceptions, tandis que leur première forme, dès qu'elles ne sont plus
perceptions, est d'être souvenirs, et de passer ensuite par d'autres formes, dont je vais
parler, sous les noms d'options et de représentations, longtemps avant qu'elles puissent
s'offrir à nous comme de simples conceptions ; je crois même pouvoir prouver,
comme vous le verrez tout à l'heure, que les signes du langage et la communication de
pensée, qu'il établit entre nous et les autres hommes peuvent seuls donner
naissance à ce dernier phénomène. D'ailleurs si les traces de nos
perceptions se réveillaient en nous sans cette conscience que nous les avons
éprouvées, comment pourrions-nous même le soupçonner, n'ayant nulle
autre connaissance du passé, nous ne pourrions savoir que nous avons déjà
existé. Nous aurions une idée actuelle, voilà tout. Dira-t-on que nous la
comparerions avec la perception qui l'aurait précédée ? Mais cette
perception n'existant plus pour nous que dans l'image qui nous la retrace, ce serait dire que
nous comparons cette image à elle-même, ou plutôt ce serait ne rien dire du
tout. Je pense donc que ce que l'on a nommé acte de réminiscence est un
sentiment inhérent au souvenir, qui en est une condition intégrante, et le
constitue tel. Un souvenir est alors une modification particulière de l'être
pensant, aussi différente de ce que je vais nommer options, représentations, et
conceptions, que de la perception, et que ces diverses sortes d'idées le sont entre
elles. Le souvenir nous rend le passé qui nous a appartenu, l'option nous donne l'avenir
qui dépend de pense à rien hors de ces limites, si ce n'est comme cause de ce qui
y est déjà : nos perceptions et nos souvenirs, ou comme autres effets de ces
causes. Ici se présentent les idées que j'ai nommé représentations
et une foule de nouvelles affections, d'abord celles qui se rapportent à la partie de
notre avenir qui ne dépend pas de nous, les désirs, craintes, espérances,
etc. Puis celles qui viennent de la connaissance que nous donnent nos représentations
qu'il y a d'autres êtres. De là toutes les affections sympathiques. Ces
affections produisent encore des actions spontanées, et des coordinations entre les
représentations qui sont une nouvelle espèce de jugements. Ce sont des
affections, actions spontanées et jugements de croyance. Enfin la connaissance
qu'il existe d'autres êtres, et le langage qui nous rend participants à leurs
pensées, nous conduisent à concevoir des choses comme n'existant pas, alors nos
déterminations deviennent des inclinations ; nos actions se réduisent à
ces actions intellectuelles par lesquelles nous combinons nos pensées
dépouillées de réalité, les idées prennent le nom de
conceptions et nos coordinations ne sont plus que des combinaisons.
De tout cela résulte le tableau suivant où sont réunis ces
phénomènes.
|
1ère classe
|
2de classe
|
système intuitif ou actuel
|
affections d'intuition
|
actions spontanées d'intuition
|
perceptions
|
jugements d'intuition ou d'évidence
|
système commémoratif
|
affections de commémoration
|
actions spontanées de commémoration
|
souvenirs
|
jugements de commémoration
|
système volontaire
|
volontés
|
actions volontaires
|
options
|
préordinations
|
système créditif ou déduit
|
affections de croyance
|
actions spontanées de croyance
|
représentations
|
jugements de croyance
|
système intellectuel
|
inclinations
|
actions intellectuelles
|
conceptions
|
combinaisons
|
Voilà ce tableau tel que je l'ai donné dans la leçon dont je vous ai
parlé en commençant cette lettre. Quoique je l'aie longtemps médité
je n'en suis pas encore tout à fait content. M. Degérando, qui a eu la
complaisance de venir à cette leçon, m'a fait de si fortes objections que je ne
vous enverrais pas cette lettre si je ne craignais pas qu'un plus long silence de ma part ne
vous étonnât, et si je ne désirais pas savoir si vos objections seront les
mêmes que les siennes. J'en attends donc beaucoup de vous et je vous prie de me donner
les premiers moments dont vous pourrez disposer. Car vous savez tout le plaisir que j'aurai
à recevoir de vos nouvelles. Au reste ce que je viens de vous dire ne ressemble à
ma leçon que pour le fond des choses, et non pour la forme. Car j'ai commencé
à parler de chaque système, comme naissant successivement les uns des autres, et
ce n'est qu'après avoir écrit le tableau sur la planche qui sert aux
démonstrations, que je l'ai repris pour en déduire les points de vue
généraux par lesquels j'ai commencé avec vous. On n'aurait su autrement ce
que je voulais dire. Mais nous avons assez causé de tout cela pour que vous compreniez
mes idées exposées dans un ordre plus abstrait mais plus régulier.
Il est bien temps, mon cher ami, de finir ce fatras qui ne me laisse plus de place pour les
épanchements de l'amitié qui sans doute vaudraient beaucoup mieux. Au risque de
le grossir encore, j'y joins un autre tableau que j'ai donné dans la première
séance [voir ci-dessous] ; c'est une classification de toutes les sciences, où
elles forment une suite non interrompue, comme les plantes dans la méthode naturelle de
Jussieu, et où le caractère classique est pris de l'espèce de rapport qui
lie les idées dont chaque science se compose. Je ne connais que trois sortes de rapports
: la ressemblance, la causalité et la dépendance nécessaire entre
certaines idées abstraites. Mais cela fait quatre classes, parce que le rapport de
causalité en donne deux, étant considéré sous deux points de vue,
d'après les deux usages très différents qu'on en fait dans les
sciences. Je vous embrasse de toute mon âme, et j'attends de vos nouvelles avec
impatience. Votre ami, A. AMPÈRE. Toute ma famille me charge de vous
offrir ses empressés compliments.
CLASSIFICATION DES SCIENCES
1ère classe
sicences de classification et de description générale, etc.
|
Histoire naturelle |
Minéralogie et cristallographie |
Botanique, physiologie et nosographie végétale |
Zoologie |
Anatomie |
Pathologie |
Physiologie |
Histoire de l'intelligence |
Psychologie |
Morale privée |
Morale publique |
Philomathie |
Langues |
Grammaire générale |
2ème classe
sciences résultant des rapports de dépendance nécessaire que
nous apercevons entre certaines idées abstraites
|
Logique |
Mathématique |
Arithmétique |
Algèbre |
Théorie des fonctions |
Géométrie synthétique et analytique |
Statique et hydrostatique |
Dynamique et hydrodynamique |
3ème classe
sciences où l'on déduit la connaissance des faits placés hors
des limites actuelles ou passées de notre sensibilité, de celle des faits
que nous observons, ou que la mémoire nous retrace
|
Cosmographie |
Astronomie |
Géographie proprement dite |
Géologie |
Psychocosmologie |
Métaphysique |
Théologie |
Histoire |
Archéologie et Numismatique |
Géographie des moeurs, opinion, etc. |
Statistique |
Diplomatie |
Jurisprudence |
4ème classe
sciences des divers agents dont l'expérience nous fait reconnaître
l'existence, et de leur action sur l'intelligence humaine, et les corps bruts ou
organisés
|
Sciences des causes qui agissent sur l'intelligence
humaine |
Législation |
Economie politique |
Théorie des institutions |
Eloquence. Poésie. Beaux-Arts |
Influence réciproque du physique et du moral de l'homme |
Science des méthodes |
Théories de l'éducation |
Sciences des causes qui agissent sur les corps bruts ou
organisés etc. |
Hygiène |
Matière médicale |
Thérapeutique |
Art vétérinaire |
Jardinage |
Agriculture |
Physique |
Arts mécaniques |
Chimie |
Arts chimiques |
Métallurgie |
if ($lang=="fr" AND $val['bookId'] < '834') { print "Lettre publiée dans "; } ?>
if ($lang=="en" AND $val['bookId'] < '834') { print "Publish in :"; } ?>
Lettre publiée par extraits dans Correspondance du Grand Ampère, tome II, p.
535-536
Source de l'édition électronique de la lettre : DE LAUNAY (Louis). Correspondance du Grand Ampère. tome II. Paris : Gauthier-Villars, 1936. p. 535-536 [Ajout du tableau de la classification des sciences d'après le manuscrit.]
Autre source de la lettre : original manuscrit Paris, Archives de l'Académie des sciences, fonds Ampère, carton XV, chemise 261
Autre source de la lettre : MAINE DE BIRAN, Pierre. Oeuvres, XIII-1 : Correspondance philosophique avec Ampère. sous la dir. de ROBINET, André. Paris : J. Vrin, 1993. p. 37-51
Autre source de la lettre : copie Paris, Archives de l'Académie des sciences, fonds Ampère, carton XVII, chemise 274 (Copie commanditée par Jean-Jacques Ampère, de la main d'un secrétaire.) Pour consulter le fac-similé de cette copie, cliquer ici et naviguer dans le fonds à l'aide des flèches "page suivante".
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Voir le fac-similé : |
Lien de référence : http://www.ampere.cnrs.fr/amp-corr559.html
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