@. Ampère et l'histoire de l'électricité 

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@.ampère

Correspondance d'Ampère, Lettre L559

Présentation de la Correspondance

Ampère, André-Marie      à      Maine de Biran, Pierre


[autour du 1er mars 1807]

Mon cher ami, je n'ai point reçu de vos nouvelles depuis la lettre où je vous annonçais le cours, moitié mathématique, moitié métaphysique, que je me proposais de faire [à l'Athénée de Paris], et où je vous envoyais le programme de ce cours. J'en ai déjà fait cinq leçons, dont la dernière a roulé uniquement sur la psychologie, c'est-à-dire, suivant la définition que j'en ai donnée, sur la science où l'on se propose d'examiner et de classer les phénomènes que présente l'intelligence humaine, comme le naturaliste se propose d'examiner et de classer les objets extérieurs.
Voici le précis de cette leçon, sur lequel je vous prie de me dire votre avis, quoique je sache bien qu'il ne sera point conforme en tous points à votre manière de voir, surtout relativement aux dénominations que j'emploie. La plupart semblent souvent peu convenables pour désigner exactement ce que je leur fais signifier ; mais, comme le grand nombre de ces phénomènes exige une méthode de classification complète et précise, où l'on puisse assigner le caractère distinctif de chaque genre et de chaque espèce de phénomènes, et une langue où chacun d'eux soit représenté par une dénomination particulière, on est entre ces deux écueils, d'inventer des mots nouveaux, auxquels personne ne pourrait s'accoutumer, ou de tâcher de profiter, le moins mal qu'il est possible, des mots déjà usités. En prenant ce dernier parti, le seul qu'on puisse adopter si l'on veut être entendu, il faut bien se résoudre à modifier un peu le sens ordinaire des mots.
L'homme agit et connaît, de là deux classes de phénomènes, ceux qu'il présente comme être agissant, ceux qu'il offre comme connaissant. Ces deux classes de phénomènes ne se développent que l'une par l'autre. Comment agirait-on sans connaître ? Et quelles seraient les connaissances dans un être qui ne réagirait pas du moins sur les impressions qu'il recevrait ?
C'est précisément parce que ces deux classes de phénomènes dépendent mutuellement l'une de l'autre et ne peuvent se développer que simultanément, qu'il me paraît impossible, sans cette première distinction, d'embrasser dans une classification conforme à la nature, les phénomènes que nous observons dans l'être qu'elles nous offrent sous deux points de vue si différents.
Je vous prie de relire sur ce sujet un excellent passage de M. de Tracy, pag. 9 et 10 de sa Logique .
On ne saurait concevoir qu'un être pût commencer à agir si tout lui était indifférent. Le premier point de vue offre donc deux ordres de phénomènes, 1°. Tout ce qui constitue en lui attrait ou répugnance pour quelque chose que ce soit ; je nommerai en général déterminations, les phénomènes de cet ordre. 2°. Toutes les actions, c'est-à-dire toutes les modifications qu'il produit lui-même dans ses manières d'être, indépendamment du changement des circonstances où il se trouve. Ce qu'on nomme attention est une action, d'après cette définition, soit qu'elle se borne à modifier l'état du système nerveux, soit qu'elle change par des mouvements imprimés aux organes sensitifs, l'état où se trouvent ces organes.
Sous ce second point de vue l'homme présente 1°. des idées, mot que je définirai comme M. Degérando dans l'ouvrage couronné par l'Académie de Berlin [?], pag. 109, ce que nous apercevons, ce que nous voyons, ce que nous connaissons, ce que nous savons, en un mot ; cet ordre de phénomènes comprend donc les idées que la présence des objets nous donne de ces objets. Il a restreint à la vérité l'emploi de ce mot aux souvenirs, images, etc., que nous conservons en l'absence de ces objets, mais il y était forcé par la question même proposée par l'institut qui eût été absurde sans cela. Locke et Condillac [?] ont souvent donné la même généralité au mot idées.
2°. des coordinations entre ces idées par lesquelles elles se réunissent pour former ces groupes qu'on nomme idées complexes.
Voilà les quatre ordres de phénomènes auxquels j'ai cru devoir rapporter tous ceux que présente l'homme considéré psychologiquement : déterminations, actions, idées, coordinations. Il me reste à vous faire voir, en les subdivisant en genres et en espèces, qu'il n'en est en effet aucun qui n'y soit compris.
Ils correspondent à la division des diverses applications de la psychologie en quatre sciences, la morale qui étudie nos déterminations, et rectifie celles qui doivent l'être, l'économie qui nous enseigne à diriger nos actions de la manière la plus convenable vers le but que nous nous proposons, l'idéologie où nous examinons nos idées, et la manière dont nous les acquérons, la logique qui s'occupe des moyens de rendre les diverses coordinations de ces idées conformes à la vérité.
Pour subdiviser ces quatre ordres en genres, j'appellerai les déterminations, affections, tant qu'elles rendent heureux ou malheureux l'être qui les présente. Ainsi le plaisir, la douleur, le repos, la joie, le désir, l'impatience d'un événement désiré, la colère, l'admiration, la crainte, l'espérance, etc., seront des affections. J'aurai soin de distinguer par des épithètes les diverses espèces d'affections.
II y a deux cas où nos déterminations cessent de nous rendre heureux ou malheureux, lorsqu'elles se rapportent à une chose qui ne dépend que de nous, ou à une conception à la réalité de laquelle nous ne pensons pas, dans le premier cas ce sont des volontés, dans le second je les nominerai des inclinations.
La preuve que nous avons encore attrait ou répugnance pour les choses mêmes que nous regardons comme impossibles, c'est que si nous venions à changer d'opinion à cet égard, nous serions sur-le-champ agités de désir ou de crainte. De même quand nous avons l'idée abstraite d'une mauvaise action ou d'une action héroïque, nous avons de la répugnance pour la première, de l'attrait pour la seconde, puisque dès que nous leur attribuons l'existence nous souffrons ou nous jouissons. Ce qui n'a pas lieu lorsque nous y pensons d'une manière purement abstraite. Cela vous fait assez comprendre ce que j'entends par inclinations.
Nos actions présentent une différence bien essentielle, suivant qu'elles sont déterminées immédiatement par nos affections, sans que nous pensions à les faire ou que nous les voulions, telles sont celles qu'on nomme instinctives, et les contractions musculaires, la pâleur, etc., qui décèlent souvent malgré nous ces affections, ou que nous ne les faisons qu'avec la connaissance de ce qui en résultera. Faute de mots français pour exprimer cette différence je n'ai employé que le nom générique actions, pour les diverses espèces de phénomènes qui appartiennent à cet ordre, en joignant seulement l'épithète spontanées aux actions déterminées immédiatement par nos affections, et me servant du seul mot actions, pour les vraies actions accompagnées de la connaissance de ce qu'on fait et de ce qui en résultera. Je distingue trois genres de coordinations : les unes ne dépendent nullement de nous, elles constituent pour nous des vérités, des faits, en en changeant seulement l'ordre des idées qu'elles associent, il en résulterait des faussetés. Ces sortes de coordinations sont des jugements. Nous coordonnons à volonté les idées que nous avons des actions que nous nous proposons de faire ; ce sont là des coordinations faites d'avance que je nomme préordinations. Nous coordonnons également à volonté les idées auxquelles nous n'attribuons aucune existence ; ces coordinations prendront le nom de combinaisons. Ainsi l'ordre des couleurs du spectre coloré, rouge, orangé, etc., est pour moi un jugement, mais lorsque je combine différents moyens d'atteindre un but que je me propose ou de pures conceptions quand je m'abandonne à mes rêveries, je ne fais que des combinaisons.
Vous voyez, mon cher ami, que ma définition du jugement diffère beaucoup des définitions ordinaires, voici mes raisons.
1°. On a dit que le jugement résultait de la comparaison de deux idées. Mais M. Degérando a fait voir (Des signes et de l'art de penser, t. I, pag. [5]) qu'il y avait des jugements sans comparaison, par simple association, c'est-à-dire précisément par ce que je nomme coordination. De plus la comparaison est une action consistant dans une double attention, pour découvrir un rapport ; dès qu'on le découvre, ce rapport est une perception, et il n'y a jugement que parce que cette idée de rapport aperçue, s'associe à l'un des termes ou à tous deux, comme une autre perception s'associerait de même, d'après les lois de notre existence. Ainsi, qu'en comparant le cuivre au fer, j'aperçoive ce rapport qu'il est plus lourd, cette idée d'être plus lourd grossit le groupe de l'idée complexe des propriétés du cuivre. Comme l'idée de l'odeur particulière de ce métal grossit le même groupe quand je viens à m'en apercevoir. Il y a également dans ces deux cas une nouvelle idée perçue, et une coordination de cette idée qui constitue un jugement. Dans les deux cas ces deux actes sont inséparables d'après les lois et l'état actuel de notre organisation.
2°. On a dit que le jugement consistait à voir dans une idée complexe une des idées partielles dont elle était composée. Je dis que le jugement consiste à ce qu'elle y soit ; si on ne l'y voyait pas elle n'y serait pas explicitement, elle n'y serait pas du tout, car il n'y a réellement dans l'idée complexe que j'ai actuellement, que ce que j'y vois actuellement.
Cette définition serait donc à peu près la même que la mienne si l'on ne parlait que des coordinations qui ne dépendent pas de nous, les seules que j'appelle jugements, car dès qu'elles dépendent de nous il en est tout autrement ; ainsi quand j'imagine un palais pavé de diamants, soutenu par des colonnes de cristal, je vois l'idée de ces colonnes dans l'idée complexe de tout le palais. Mais ce n'est pas là un jugement, puisque ce n'est pas une vérité, un fait, et que je puis y substituer alternativement des colonnes de rubis, de saphir, sans qu'il en résulte une fausseté.
La subdivision des idées tient à une autre considération, celle des sortes d'existence qu'elles nous présentent. Bien entendu que nous n'acquérons l'idée de ces diverses sortes d'existence, et même de l'existence en général, qu'en comparant des groupes d'idées qui en étaient revêtus, par opposition à des groupes qui ne nous offraient pas la même sorte d'existence.
Il s'ensuit qu'il faut admettre comme fait primitif, que tantôt nos idées s'offrent à nous comme nous donnant les connaissances du présent qui se trouve dans la sphère de notre sensibilité actuelle, tantôt comme la connaissance de notre sensibilité passée, tantôt comme celle de l'avenir qui ne dépend que de notre volonté, tantôt comme l'image de ce qui existe au delà de ce passé, de ce présent, de cet avenir, qui sont en quelque sorte à nous, c'est par là que nous franchissons en quelque sorte les limites de notre être pour nous emparer du reste de l'univers, tantôt enfin comme la pure conception d'un avenir intellectuel auquel nous n'attribuons aucune existence hors de notre pensée.
Dans le premier cas nous nous trouvons dans les circonstances propres à acquérir l'idée, et tant que durent ces circonstances je la nomme perception. A moins d'admettre la chimère des idées explicitement innées [astérisque renvoyant à la note en bas de manuscrit : *Je dis explicitement innées, parce que quelques auteurs, Leibniz entre autres si je ne me trompe appellent idées innées la simple propension ou disposition à acquérir telles ou telles idées. Ce n'est plus alors telles ou telles idées, ce n'est plus alors une fausseté manifeste, mais une hypothèse qui, bien analysée ne signifie rien, car on ne peut contester cette disposition, non plus que la propriété qu'a l'oxygène de se combiner avec certains corps, avant qu'il ne les ait rencontrés, mais que tirer de cette considération ?], il faut reconnaître que nous n'avons aucune idée qui n'ait été perception, c'est-à-dire que nous n'ayons reçue dans des circonstances propres à ce que nous puissions l'acquérir; tant que durent ces circonstances où nous pourrions l'acquérir si nous ne l'avions déjà, elle se nommera ainsi. Ces circonstances sont pour les idées des impressions faites sur nos organes extérieurs ou internes, la présence de la cause de cette impression comme l'admission dans l'oeil de certains rayons pour la perception du rouge. Pour nos idées de rapports, c'est la présence simultanée à l'entendement des idées entre lesquelles nous pouvons apercevoir ces rapports. En sorte que tant que nous avons présente la démonstration de l'égalité du quarré de l'hypoténuse, et de la somme des quarrés des deux côtés, ce rapport d'égalité est une perception. Il n'est plus qu'un souvenir, espèce particulière de représentation, quand je me rappelle d'avoir compris cette démonstration sans qu'elle me soit encore présente ; il n'est plus qu'une conception, quand je me fais l'idée d'un homme grand comme les tours de Notre-Dame, idée que je ne peux me former que par la présence de deux choses réellement égales, ou du moins vues telles, [ce qui] m'a donné l'idée du rapport d'égalité, et que j'en fais une combinaison arbitraire avec celles que j'ai d'un homme et de la hauteur de ces tours.
Après que les circonstances propres à ce que nous ayons la perception d'une idée n'existent plus, elle n'est pas anéantie pour cela, des causes capables de la réveiller, sans pouvoir en aucune sorte nous la donner, en occasionnent le réveil, elle est alors accompagnée d'une conviction que nous l'avons éprouvée, et prend en conséquence le nom de souvenir. On a dit que dans le souvenir il y avait l'image de ce que nous avions éprouvé, jointe au jugement que nous l'avions éprouvé. Je rejette absolument cette manière de voir qui supposerait que nos idées se présentent d'abord à nous comme de pures conceptions, tandis que leur première forme, dès qu'elles ne sont plus perceptions, est d'être souvenirs, et de passer ensuite par d'autres formes, dont je vais parler, sous les noms d'options et de représentations, longtemps avant qu'elles puissent s'offrir à nous comme de simples conceptions ; je crois même pouvoir prouver, comme vous le verrez tout à l'heure, que les signes du langage et la communication de pensée, qu'il établit entre nous et les autres hommes peuvent seuls donner naissance à ce dernier phénomène.
D'ailleurs si les traces de nos perceptions se réveillaient en nous sans cette conscience que nous les avons éprouvées, comment pourrions-nous même le soupçonner, n'ayant nulle autre connaissance du passé, nous ne pourrions savoir que nous avons déjà existé. Nous aurions une idée actuelle, voilà tout. Dira-t-on que nous la comparerions avec la perception qui l'aurait précédée ? Mais cette perception n'existant plus pour nous que dans l'image qui nous la retrace, ce serait dire que nous comparons cette image à elle-même, ou plutôt ce serait ne rien dire du tout.
Je pense donc que ce que l'on a nommé acte de réminiscence est un sentiment inhérent au souvenir, qui en est une condition intégrante, et le constitue tel. Un souvenir est alors une modification particulière de l'être pensant, aussi différente de ce que je vais nommer options, représentations, et conceptions, que de la perception, et que ces diverses sortes d'idées le sont entre elles. Le souvenir nous rend le passé qui nous a appartenu, l'option nous donne l'avenir qui dépend de pense à rien hors de ces limites, si ce n'est comme cause de ce qui y est déjà : nos perceptions et nos souvenirs, ou comme autres effets de ces causes. Ici se présentent les idées que j'ai nommé représentations et une foule de nouvelles affections, d'abord celles qui se rapportent à la partie de notre avenir qui ne dépend pas de nous, les désirs, craintes, espérances, etc. Puis celles qui viennent de la connaissance que nous donnent nos représentations qu'il y a d'autres êtres. De là toutes les affections sympathiques.
Ces affections produisent encore des actions spontanées, et des coordinations entre les représentations qui sont une nouvelle espèce de jugements. Ce sont des affections, actions spontanées et jugements de croyance.
Enfin la connaissance qu'il existe d'autres êtres, et le langage qui nous rend participants à leurs pensées, nous conduisent à concevoir des choses comme n'existant pas, alors nos déterminations deviennent des inclinations ; nos actions se réduisent à ces actions intellectuelles par lesquelles nous combinons nos pensées dépouillées de réalité, les idées prennent le nom de conceptions et nos coordinations ne sont plus que des combinaisons.

De tout cela résulte le tableau suivant où sont réunis ces phénomènes.

 
1ère classe
2de classe
système intuitif ou actuel
affections d'intuition
actions spontanées d'intuition
perceptions
jugements d'intuition ou d'évidence
système commémoratif
affections de commémoration
actions spontanées de commémoration
souvenirs
jugements de commémoration
système volontaire
volontés
actions volontaires
options
préordinations
système créditif ou déduit
affections de croyance
actions spontanées de croyance
représentations
jugements de croyance
système intellectuel
inclinations
actions intellectuelles
conceptions
combinaisons

Voilà ce tableau tel que je l'ai donné dans la leçon dont je vous ai parlé en commençant cette lettre. Quoique je l'aie longtemps médité je n'en suis pas encore tout à fait content. M. Degérando, qui a eu la complaisance de venir à cette leçon, m'a fait de si fortes objections que je ne vous enverrais pas cette lettre si je ne craignais pas qu'un plus long silence de ma part ne vous étonnât, et si je ne désirais pas savoir si vos objections seront les mêmes que les siennes. J'en attends donc beaucoup de vous et je vous prie de me donner les premiers moments dont vous pourrez disposer. Car vous savez tout le plaisir que j'aurai à recevoir de vos nouvelles. Au reste ce que je viens de vous dire ne ressemble à ma leçon que pour le fond des choses, et non pour la forme. Car j'ai commencé à parler de chaque système, comme naissant successivement les uns des autres, et ce n'est qu'après avoir écrit le tableau sur la planche qui sert aux démonstrations, que je l'ai repris pour en déduire les points de vue généraux par lesquels j'ai commencé avec vous. On n'aurait su autrement ce que je voulais dire. Mais nous avons assez causé de tout cela pour que vous compreniez mes idées exposées dans un ordre plus abstrait mais plus régulier.
Il est bien temps, mon cher ami, de finir ce fatras qui ne me laisse plus de place pour les épanchements de l'amitié qui sans doute vaudraient beaucoup mieux. Au risque de le grossir encore, j'y joins un autre tableau que j'ai donné dans la première séance [voir ci-dessous] ; c'est une classification de toutes les sciences, où elles forment une suite non interrompue, comme les plantes dans la méthode naturelle de Jussieu, et où le caractère classique est pris de l'espèce de rapport qui lie les idées dont chaque science se compose. Je ne connais que trois sortes de rapports : la ressemblance, la causalité et la dépendance nécessaire entre certaines idées abstraites. Mais cela fait quatre classes, parce que le rapport de causalité en donne deux, étant considéré sous deux points de vue, d'après les deux usages très différents qu'on en fait dans les sciences.
Je vous embrasse de toute mon âme, et j'attends de vos nouvelles avec impatience. Votre ami,

A. AMPÈRE.
Toute ma famille me charge de vous offrir ses empressés compliments.

CLASSIFICATION DES SCIENCES

1ère classe

sicences de classification et de description générale,
etc.

Histoire naturelle Minéralogie et cristallographie
Botanique, physiologie et nosographie végétale
Zoologie
Anatomie
Pathologie
Physiologie
Histoire de l'intelligence Psychologie
Morale privée
Morale publique
Philomathie
Langues
Grammaire générale

2ème classe

sciences résultant des rapports de dépendance nécessaire
que nous apercevons entre certaines idées abstraites

Logique
Mathématique Arithmétique
Algèbre
Théorie des fonctions
Géométrie synthétique et analytique
Statique et hydrostatique
Dynamique et hydrodynamique

3ème classe

sciences où l'on déduit la connaissance des faits placés
hors des limites actuelles ou passées de notre sensibilité,
de celle des faits que nous observons, ou que la mémoire nous retrace

Cosmographie Astronomie
Géographie proprement dite
Géologie
Psychocosmologie Métaphysique
Théologie
Histoire
Archéologie et Numismatique
Géographie des moeurs, opinion, etc.
Statistique
Diplomatie
Jurisprudence

4ème classe

sciences des divers agents dont l'expérience nous fait reconnaître
l'existence, et de leur action sur l'intelligence humaine, et les corps
bruts ou organisés

Sciences des causes qui agissent sur l'intelligence
humaine
Législation
Economie politique
Théorie des institutions
Eloquence. Poésie. Beaux-Arts
Influence réciproque du physique et du moral de l'homme
Science des méthodes
Théories de l'éducation
Sciences des causes qui agissent sur les corps
bruts ou organisés etc.
Hygiène
Matière médicale
Thérapeutique
Art vétérinaire
Jardinage
Agriculture
Physique
Arts mécaniques
Chimie
Arts chimiques
Métallurgie



Lettre publiée par extraits dans Correspondance du Grand Ampère, tome II, p. 535-536
  Source de l'édition électronique de la lettre :
DE LAUNAY (Louis). Correspondance du Grand Ampère. tome II. Paris : Gauthier-Villars, 1936. p. 535-536
 [Ajout du tableau de la classification des sciences d'après le manuscrit.]

  Autre source de la lettre : original manuscrit
Paris, Archives de l'Académie des sciences, fonds Ampère, carton XV, chemise 261


  Autre source de la lettre :
MAINE DE BIRAN, Pierre. Oeuvres, XIII-1 : Correspondance philosophique avec Ampère. sous la dir. de ROBINET, André. Paris : J. Vrin, 1993. p. 37-51


  Autre source de la lettre : copie
Paris, Archives de l'Académie des sciences, fonds Ampère, carton XVII, chemise 274
(Copie commanditée par Jean-Jacques Ampère, de la main d'un secrétaire.)
 Pour consulter le fac-similé de cette copie, cliquer ici et naviguer dans le fonds à l'aide des flèches "page suivante".

Voir le fac-similé :
Lien de référence : http://www.ampere.cnrs.fr/amp-corr559.html

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