@. Ampère et l'histoire de l'électricité 

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@.ampère

Correspondance d'Ampère, Lettre L357

Présentation de la Correspondance

Ampère, André-Marie      à      Bredin, Claude-Julien (1)

professeur à l'École vétérinaire, près des portes de Vaise, à Lyon (Rhône).
[20 janvier 1810]

Il y a si longtemps, bon ami, que nous ne nous sommes pas écrit, que je ne sais plus qui de nous deux a écrit le dernier à l'autre ; je crois pourtant que c'est moi. Pour celui des deux qui souffre davantage de ce silence, je sais bien que c'est moi. S'il ne me reste un moment pour écrire à ceux à qui je désirerais le plus le faire, il m'en reste assez, en marchant, en m'éveillant, etc., pour songer combien je suis loin de toi, combien il y a longtemps que je n'ai rien lu écrit par ta main ! Je vais avoir, à l'avenir, un peu plus de loisir ; pour m'en procurer, j'ai donné ma démission de la place que j'avais au Ministère de l'Intérieur (2). Les uns me regardent comme un sot, les autres m'approuvent. Pour moi, je suis d'autant plus content de l'avoir fait que le Ministre a choisi Thénard pour me remplacer et que, s'il y a des intervalles entre mon cours et mes tournées, je n'aurai alors aucune occupation qui m'empêche d'aller passer quelques jours auprès de toi. Mais c'est à une condition, savoir que tu établiras ta famille à Poleymieux dès que le retour du printemps le permettra ; autrement, j'aurais beau aller à Lyon, tu ne m'aurais pas à l'école vétérinaire. Au reste, quand je dis que j'aurai plus de temps, je n'en aurai pas réellement davantage parce que je ne quitte cette place que pour travailler enfin sérieusement à un mémoire de mathématiques. J'y mettrai tous mes moments, et j'ai déjà fait des calculs dans cette vue.
Je suis, depuis quelques jours, moins triste que je ne l'étais habituellement. Apparemment, que je m'accoutume à la peine et qu'ainsi je ne la sens plus ; d'ailleurs, quand je suis à calculer, j'ai retrouvé cet oubli de tout le reste à qui j'ai dû le peu de repos que j'ai eu tout le temps que j'ai passé chez M. Potot.
Ma soeur et mes enfants se portent bien, moi aussi ; je n'ai que les ennemis que je me fais, et, si mon esprit n'allait pas chercher sans cesse dans le passé des sujets de regrets, je pourrais être content de ma situation ; mais c'est ce qui n'est pas possible après tant de vicissitudes et la perte de tout ce qui enchantait ma vie ! Ton absence n'est pas une de mes moindres peines. Mon ami, tu ne saurais concevoir combien je désire vivement te revoir ! combien je suis souvent tourmenté d'être toujours si loin de toi ! Je te prie de me donner de tes nouvelles, de celles de toute ta famille et de nos amis. Je voudrais bien que tu visses quelquefois Ballanche, qui est bien triste à en juger par ses lettres (3).
Adieu Bredin, ton ami t'embrasse de toute son âme.

A. AMPÈRE
Pendant que j'achevais cette lettre, le bon Lenoir vient me voir et m'a fait promettre de ne pas l'oublier auprès de toi.



(1) Quatre pages in-4°, adresse sur la dernière.
(2) Le 13 janvier 1810, Ampère a donné sa démission du Bureau Consultatif des Arts et
Manufactures, en partie pour laisser la place à Thenard et a été nommé membre honoraire
(voir Lettre 0358). Le 23 octobre 1809, il avait été nommé « instituteur d'analyse à
l'École Polytechnique », en remplacement de Lacroix nommé examinateur permanent.
(3) Triste de son mariage rompu. Voir Lettre 0353.


Correspondance du Grand Ampère, tome I, p. 346-347
  Source de l'édition électronique de la lettre :
DE LAUNAY (Louis). Correspondance du Grand Ampère. tome I. Paris : Gauthier-Villars, 1936. p. 346-347


  Autre source de la lettre : original manuscrit
Paris, Archives de l'Académie des sciences, fonds Ampère, carton XXIV, chemise 340
(Quatre pages in-4°, adresse sur la dernière.)


Voir le fac-similé :
Lien de référence : http://www.ampere.cnrs.fr/amp-corr357.html

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