Ampère, Jeanne-Antoinette (mère d'Ampère) à Ampère, André-Marie
20 juillet 1807 ... J'ai deux lettres à te répondre, mon cher fils ; je commence par la
première. Tu me proposes de vendre ma maison et d'aller m'établir à Paris.
Vingt ans de moins et une santé comme je l'avais dans ce temps-là ! Quel chagrin
pour toi si l'air de Paris m'était contraire et que j'y tombasse malade ! Que
deviendrait ta pauvre soeur dans un pays où elle ne connaîtrait personne ? Qui la
consolerait ? Quelle ressource aurait-elle ? Pauvre enfant, tu la connais, que deviendrait-elle
? Une autre raison, c'est que, si je voulais vendre, je ne trouverais pas le quart de la valeur
de mon domaine ; l'argent rare comme il est, les denrées à rien, que l'on a peine
à vendre ; les bras qui manquent, le peu qui reste sont d'une cherté horrible ;
les impositions qui augmentent tous les jours ne font pas avancer les acquéreurs. Si je
peux avoir François [Delorme], il réparera les terres, je m'arrange avec lui pour
la basse-cour ; je ne serai plus obligée d'acheter le bétail par moitié.
Une fois que tout sera réparé et la maison et les fonds, vous pourrez alors
trouver réellement ce qu'elle vaut ; mais, à présent, il n'y faut pas
penser... L'on t'a tout ôté ce que l'on a pu ; mais prends garde que l'on ne t'en
ôte davantage !... J'ai un regret terrible de la bague à brillants. M. Carron
voulait qu'elle fût pour le petit ; mais je ne l'ai su que longtemps après...
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