Ampère, André-Marie à Roux-Bordier, Jacques
(1)
Lundi 15 décembre [1806?] Ne soyez pas fâché contre moi, mon cher Roux, si je réponds si tard aux
deux lettres que vous m'avez fait le plaisir de m'écrire. Je voulais prendre auparavant
les informations que vous me demandiez et, pour un homme qui n'a pas un moment, qui ne sort
qu'à des jours et heures fixes pour achever un ouvrage dont dépend la
tranquillité de sa vie et de celle qu'il aime, ce n'est pas là une chose facile.
Je n'ai presque pas pu encore m'occuper de mon cours à l'Athénée et je
dois le commencer après-demain. Voici cependant quelques-uns de renseignements que vous
me demandez. Prévoyant qu'il va m'être encore plus impossible qu'auparavant de
faire les autres lorsqu'il faut rassembler les matériaux de ce cours, préparer
d'avance quelques leçons, etc., je ne pourrais m'en acquitter que quand je serai hors de
ce premier travail. Pensez qu'il faut sacrifier une matinée pour aller au jardin des
Plantes voir M. Laugier et n'exigez pas cela de moi dans ce moment. 1° M.
Durand, instituteur et cultivateur à Glos-sur-Lisieux, près Lisieux,
département du Calvados, a présenté à l'exposition une charrue
à deux socs à l'aide de laquelle on fait, d'après l'expérience,
l'ouvrage de quatre chevaux et de deux laboureurs, avec deux ou trois chevaux et un seul homme
; le fait m'a été assuré par un de ceux qui ont été
témoins de l'expérience, elle paraît hors de doute, et vous en trouverez
les détails dans le rapport du jury de l'exposition. Pour s'en procurer le dessin, il
faut écrire à M. Durand à l'adresse que je viens de vous donner.
2° Rumford a proposé des globes de gaze pour envelopper la flamme des quinquets, ce
sont les frères Girard qui emploient des globes de verre dépoli, ils fatiguent un
peu plus la vue que la gaze, mais éclairent bien mieux ; ils ne blessent d'ailleurs
nullement la vue comme les quinquets à découvert. Tous ces moyens n'augmentent ni
ne peuvent augmenter l'éclairage, mais ils répandent la lumière plus
également. 3° Les mêmes frères Girard, en leur écrivant
rue de la Loi, vous fourniront pour 42 fr. une bonne et grande lampe de cette sorte, à
réservoir d'huile au-dessous de la flamme et ne donnant d'ombre d'aucun
côté ; il faut y joindre un globe qui coûte 12 fr. Les mêmes vous
fourniront des lampes ayant les mêmes avantages mais plus petites, et où le globe
est remplacé par un réflecteur, pour 21 fr., le réflecteur compris. Je me
sers habituellement d'une de ces lampes, il faut y remettre de l'huile après 10 ou 12
heures de combustion, mais on peut éteindre avant ce temps la lampe et la rallumer,
longtemps après elle achève son temps. 4° Les lampes de Joli n'ont pas
cet avantage ; 10 heures après qu'on y a mis de l'huile, il faut en remettre, soit
qu'elle ait servi ou non ; mais elles sont d'un service plus facile, ne se dérangent
point, comme il arrive quelquefois à celles des frères Girard, ne font de
même ombre d'aucun côté et sont à meilleur marché : 36 fr. ou
40 fr. les plus grandes, 10 fr. ou 12 fr. les petites, très jolies. Quant au
programme de mon cours, il ne m'en reste plus ; mais j'en ai envoyé un à
Ballanche pour l'insérer dans son journal, où vous l'aurez peut-être
déjà lu. Adieu, mon cher ami, je vous embrasse de tout mon coeur.
Écrivez-moi donc quelque chose de vos découvertes en physiognomonie. Tout
à vous A. AMPÈRE
(1) Quatre pages in-4°, 16,5 x 20,5, sans adresse. Communiqué par M. Paul Chaponnière. Le
lundi 15 décembre a été réalisé en 1806, 1817, 1823, 1828. Si Ampère a mis 15 pour 16
décembre, ce serait 1805. En décembre 1806 Ampère est en pleines difficultés avec Potot. Il
est question de cette charrue à deux socs dans la Lettre 0283 adressée également à Roux et
dont celle-ci est la suite. Il s'agit du cours à l'Athénée en 1806.
if ($lang=="fr" AND $val['bookId'] < '834') { print "Lettre publiée dans "; } ?>
if ($lang=="en" AND $val['bookId'] < '834') { print "Publish in :"; } ?>
Correspondance du Grand Ampère, tome III, p.
859-860
Source de l'édition électronique de la lettre : DE LAUNAY (Louis). Correspondance du Grand Ampère. tome III. Paris : Gauthier-Villars, 1943. p. 859-860
Autre source de la lettre : original manuscrit Collection particulière [note de Louis DE LAUNAY] [L. Pierce Williams ?] (Quatre pages in-4°, 16,5 x 20,5, sans adresse. [note de Louis DE LAUNAY]) Dans la Correspondance du Grand Ampère, Louis DE lAUNAY indique au sujet de cette lettre que le manuscrit lui en a été "communiqué par M. Paul Chaponnière", qui était l'arrière-petit-fils de Roux-Bordier.
Autre source de la lettre : copie Lyon, Bibliothèque municipale, Ms 6205 (1) (Photocopie du manuscrit original)
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Voir le fac-similé : |
Lien de référence : http://www.ampere.cnrs.fr/amp-corr305.html
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