Ampère, Jeanne-Antoinette (mère d'Ampère) à Ampère, André-Marie
à Ampère, Répétiteur d'analyse à l'École Polytechnique
22 janvier 1805 [...] Nous te ménagions une surprise. C'était ton petit qui devait te
l'annoncer ; mais il s'est allé promener avec sa tatan et je ne veux pas manquer cette
occasion. Il sait lire assez pour s'amuser. Il a lu la lettre que tu lui as écrite tout
seul. Tous les jours, après le dîner, il lit deux pages pour la
récréation, et le dimanche trois et un livre de Buffon. Ce n'est que cet espoir
qui l'a décidé. C'est la veille des fêtes qu'il fit cet arrangement et,
depuis, il n'a pas manqué un jour qu'il soit dans ses malices ou dans ses beaux jours.
Il va lui-même chercher son petit fauteuil et se range auprès de sa petite tatan.
Il a été huit jours charmant, mais cela n'a pu durer plus longtemps. C'est un
diable, on ne sait qu'en faire ; rien ne l'arrête que la prison. Quand ses crises sont
passées, il nous dit qu'il est bien plus heureux quand il est sage, que l'on le caresse,
que l'on l'aime, mais qu'il ne sait pourquoi il est si méchant. Hier au soir, il
s'occupa à lire une petite histoire que sa tatan lui donna. Il fut tranquille et parut
s'en amuser. Il faut espérer que la maison le corrigera de ses emportements. C'est un
caractère bien violent [...]
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