Carron-Ampère, Julie (1ère femme d'Ampère) à Ampère, André-Marie
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Lundi soir [7 février 1803] La jolie lettre que je reçus hier, mon bon ami, m'a fait tout le plaisir qu'on
éprouve en lisant dans un coeur qui vous aime et qui ne désire pas d'autre
bonheur que celui de se réunir avec une amie, qui sent aussi que la séparation
n'est pas faite pour ceux qui n'ont pas de plus grande jouissance que de se dire toutes leurs
pensées. Car, mon bon ami, il n'y a plus qu'à toi que je dis tout. Je n'aurais
point de secret pour maman ; mais bien des choses que je pense seraient un sujet de peine pour
elle. Élise est bien une bonne, bonne amie. Mais il y a tant de différence dans
notre manière de sentir ; elle me croit au-dessus d'elle par le sentiment et cela
ôte l'intimité. Mon ami, nous sommes faits pour être ensemble et, si je me
porte bien, j'ai une bonne espérance que nous serons heureux [...] Les inspecteurs
généraux sont toujours ici. M. Coctère a dit à Marsil qu'ils
avaient dit qu'avant de partir de Lyon, ils voulaient nommer le proviseur et le procureur au
Lycée pour que, pendant leur absence, les préparatifs se fassent au
collège pour recevoir les élèves [...] Plus je vais, plus je vois
que nous ne pourrons pas rester ici un an. Quand tu viendras, nous aurons encore bien le temps
de chercher un appartement [...] Adieu, mon bon ami, je ne t'écris pas plus au long
parce que je n'ai rien de joli à répondre à ce que tu m'as dit. Si pour toi ma Muse est muette, Sûrement mon coeur ne l'est pas. Tu le
connais, tu es son interprète. Pour ton fils et pour toi souvent je sens qu'il
bat. De quoi m'avisé-je de vouloir rimer ; mais j'ai écrit les deux
premiers sans réfléchir qu'il en fallait deux autres [...]
(1) Quatre pages in-8° avec adresse au bas de la quatrième.
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