Ampère, André-Marie à Carron-Ampère, Julie (1ère femme d'Ampère)
(1)
Jeudi matin [3 juin 1802] Que fait dans ce moment ma petite bonne amie, pense-t-elle à son mari, sait-elle le
chagrin qu'il éprouve de se voir loin d'elle ? Que je suis fâché à
présent de n'avoir pas attendu les fêtes de la Pentecôte pour mon petit
voyage ! Je t'irais voir après-demain et, au lieu de cela, il faut que je ne sache pas
même si je pourrai y aller à la Saint-Jean. La mort du préfet a
privé les professeurs de Bourg du seul protecteur qu'ils eussent et il faudra
tâcher de se mettre dans les bonnes grâces de celui qui va venir. Je
t'enverrai mercredi le mémoire sur le jeu, si je puis en avoir achevé les
corrections. J'ai peu de temps libre à présent. M. Clerc vient tous les matins
travailler avec moi jusqu'à sa leçon à 10 heures. Grippière viendra
depuis 11 h. 1/2 jusqu'à près d'une heure et, l'après-dînée,
depuis 3 heures jusqu'à 4, je donne ma leçon de physique. Le surplus de mon temps
se passe à penser à ma Julie et aux ouvrages que je médite. Ah, s'ils
pouvaient du moins me placer au lycée, réuni avec tout ce que j'aime Je ne
craindrais plus de vivre loin d'elle, ou de ne pas pouvoir lui fournir le nécessaire !
Est-il possible que tu sois privée de mille choses indispensables, tandis que ceux qui
ne méritent pas les richesses en regorgent ! Ma bonne et charmante amie, qui
méritait mieux que toi tout ce qui peut contribuer à rendre la vie heureuse ? Du vendredi soir [4 juin] – Je te dirai pour nouvelles que M. Grippière,
ayant fini avant-hier son mois, l'a payé 18 L. pour le passé et 27 L. d'avance
pour le mois suivant et que, le même soir, il a fait une chute très dangereuse
dont il est au lit. Ce mois n'a donc point commencé ; mais je l'ai vu aujourd'hui et il
m'a dit qu'il espérait guérir bientôt et recommencer sous peu de jours. Je
me trouve par là plus de temps pour travailler et j'en veux bien profiter pour avancer
mes petits ouvrages. J'espérais recevoir une lettre de ma Julie. Depuis que je t'ai
quittée, je n'ai point eu de tes nouvelles ; je pense que c'est le tour de tes lettres
de rester à la poste. Si je le savais, j'irais gronder le directeur bien plus fort que
quand il gardait les miennes ; ils me privent ainsi de la seule chose qui puisse me procurer du
plaisir. Peut-être aussi que tu n'as pas eu le temps de m'écrire et que je ne
saurai de tes nouvelles que par Pochon ? Et si tu étais malade ? Ce 28 m'inquiète
! Mon Dieu, si tu étais malade ; il m'est impossible de quitter. J'adresse ceci à
ma soeur Élise. Élise, si ma Julie est malade [...]
(1) Quatre pages, 17 x 21,5, sur papier bleuâtre. La fin de la lettre manque. Mme Cheuvreux en
a publié six lignes, p. 217.
if ($lang=="fr" AND $val['bookId'] < '834') { print "Lettre publiée dans "; } ?>
if ($lang=="en" AND $val['bookId'] < '834') { print "Publish in :"; } ?>
Correspondance du Grand Ampère, tome I, p.
159-160
Source de l'édition électronique de la lettre : DE LAUNAY (Louis). Correspondance du Grand Ampère. tome I. Paris : Gauthier-Villars, 1936. p. 159-160
Autre source de la lettre : original manuscrit Paris, Archives de l'Académie des sciences, fonds Ampère, carton XXVI, chemise 392 (Quatre pages, 17 x 21,5, sur papier bleuâtre. La fin de la lettre manque.)
|
Voir le fac-similé : |
Lien de référence : http://www.ampere.cnrs.fr/amp-corr132.html
|
|