Roux-Bordier, Jacques à Ampère, André-Marie
A Monsieur Ampère, membre de l'Institut, cour du commerce n°19, près la rue des Fossés-Saint-Germain-des-Prés, Paris
Lyon,
22 avril 1815 Vous seriez mon cher Ampère un homme divin si vous profitiez de mon séjour
à Lyon pour y venir passer une quinzaine de jours. Mais dans ce cas
[expédiez?]-vous car il faudra bientôt retourner dans mes champs. Je vous
promets même d'écouter votre théorie des idées abstraites et des
idées générales. Il y a dans la Législation primitive de de Bonald
que j'ai lue ces jours-ci des choses bien
singulières sur les langues et les idées. Comme il y a beaucoup de confusion sous
un ordre apparent et de grands abus de mots, je veux en faire un extrait. Je vois qu'il y a
moyen de [séparer] un or pur de cet alliage et le côté par lequel on [peut]
réfuter ses doctrines. Il a traité les directions premières dont je
m'étais occupé dans un petit mémoire que je vous fis passer il y a
quelques années pour Maine Biran [Maine de Biran], dont j'ai conservé une copie
que j'ai relue par hasard cet hiver à Genève. Venez donc passer quelques jours
à Lyon et nous métaphysiquerons. J'aurais aussi grand besoin de vous pour
m'expliquer les nouvelles doctrines des chimistes relativement aux proportions des combinaisons
des corps et au poids absolu des atomes des corps. Je ne connais point les mémoires de
Dalton, Berzelius, Davy à ce sujet ; vous m'expliqueriez tous ces points. Et nous
ne nous occuperions plus de politique. J'ai honte d'être homme ou plutôt de parler
cette langue française. La première de toutes selon de Bonald et Piestre. Quelle
nation que la vôtre ……! Voilà bien vos esprits français
toujours aux extrêmes, Piestre et de Bonald. Si vous voyez Ballanche, remerciez-le
du plaisir que m'a procuré son Antigone . Cet ouvrage est un chef-d'œuvre. C'est un ouvrage fini. Pureté,
élégance, grâce, mouvement, simplicité antique,
intérêt, tout s'y trouve réuni. Quel style admirable. Maintenant que
Ballanche nous fasse dans le même genre un ouvrage moderne. Mais qu'il se défie de
son catholicisme, qu'il soit chrétien et non catholique. Qu'il évite cet
esprit de parti et de secte, ce dessein, ce but qui entache tous les ouvrages de
Chateaubriand. Le chantre des muses grecques, le chantre d'Antigone ne doit [illisible]
ni au culte des païens, ni à celui des non catholiques. Bredin,
Châtelain, Touchon, C. Jordan réunissent leur pressante invitation à la
mienne pour vous voir arriver le plus tôt possible. Je viens de faire faire
à Bredin l'expérience de la [saveur de l'iode]. Adieu à vous,
Bodmer [Roux-Bordier]
if ($lang=="fr" AND $val['bookId'] < '834') { print "Lettre publiée dans "; } ?>
if ($lang=="en" AND $val['bookId'] < '834') { print "Publish in :"; } ?>
Source de l'édition électronique de la lettre : original manuscrit Paris, Archives de l'Académie des sciences, fonds Ampère, carton XXIV, chemise 332.
|
Voir le fac-similé : |
Lien de référence : http://www.ampere.cnrs.fr/amp-corr1078.html
|
|