Roux-Bordier, Jacques à Ampère, André-Marie
Monsieur Ampère, inspecteur général de l’université, cour du commerce n°19, près la rue des Fossés-Saint-Germain-des-Prés, Paris
Genève,
28 Xbre 1810 Je reçois enfin, mon cher Ampère, une lettre de vous, mais je ne vous gronde
pas, parce que je sais que vous êtes extraordinairement occupé et je suis
même souvent étonné que vous puissiez suffire à tant de choses. Je vous en veux si peu, que depuis 15 jours je travaille 2 heures par soirée pour
vous, c.à.d. à examiner votre tableau des phénomènes.
J’ai rédigé des observations à ma campagne, sur le tableau que vous
m’avez envoyé de Paris, mais celui que vous m’aviez laissé à
Lyon chez Bonj. [Bonjour ?], quoiqu’antérieur à celui de Paris,
étant beaucoup plus complet, j’ai été obligé de
recommencer. J’attaque vigoureusement l’ordonnance de votre tableau. Je vous
[sape ?] par les fondements. Mais que vous admettiez ou non mes vues, toujours vous
paraîtront-elles importantes. Je vais recopier ce mémoire et
j’aviserai aux moyens de vous le faire parvenir le plus tôt possible - afin que
vous ne soyez pas arrêté dans le cours de vos travaux -si je viens à
modifier vos plans. Ce mémoire sera l’Ultima de mes recherches
métaphysiques. Pour vous j’ai rédigé le mémoire de
l’an dernier, sur le Rappel de la connaissance, pour vous j’ai
métaphysiqué à ma campagne et vous ai tracé un plan, enfin
voilà que je fais des observations sur votre tableau. En voilà assez. Je
vais laisser dormir la Science, et quelque flatteuse que fut [illisible] pour moi la
correspondance d’un homme aussi profondément [illisible] que M. Maine de Biran, je
n’ai pas le courage de la désirer. Quoique certainement les éloges
d’un psychologue supérieur dans sa partie fussent bien propres à me donner
l’envie de travailler. Mais c’est fini. Je n’ai pas le crâne
assez large pour avoir un travail facile. J’aime mieux mourir en paresseux.
L’attention ne peut pas toujours lutter contre le défaut de capacité.
Je vous remercie bien cordialement des renseignements que vous avez pris sur
l’affaire de l’université et j’aurais, d’après toutes vos
observations, abandonné le projet en question, si la nouvelle circonstance de la
réunion de 10 départements, tous protestants, ne venait appuyer fortement les
idées que je vous développais dans ma lettre. Relisez ma lettre de point en
point et voyez si une nouvelle population de 3 millions au moins de non-catholiques ne doit pas
déterminer de nouvelles mesures pour l’instruction. Cela ne donnera-t-il pas lieu
à créer des places [d’inspecteurs ?] protestants, ou voulez-vous envoyer en
Hollande des prêtres et des abbés ? Enfin, mon cher, d’ici à quelques
temps, je pense qu’il y aura des modifications et dès que vous verrez le jour
poindre ou quelque vent favorable à la [chose ?], agissez vers vos amis sans vous
compromettre et dans le sens de ma lettre. Je vous donnerai dans le besoin de nouveaux
détails sur la personne. Je n’ai pas de nouvelles de nos amis de Lyon.
Châtelain, Bonj.[Bonjour ?] ne m’écrivent pas – je leur ai cependant
écrit. Mes amitiés à Prial, à Hachette, à M. Vauquelin.
Voilà Martin qui nous donne des étrennes. Je ne sais rien de ce qui se
passe en [illisible]. Quand M. Maine Biran [Maine de Biran] publiera quelque chose,
envoyez [cela ?] et s’il se trouve à Paris, faites-lui lire mes observations sur
votre tableau, et communiquez lui de bouche ce que je vous dis au commencement de la
présente à son sujet. Adieu mon cher, portez-vous bien. Votre
dévoué BodmerRoux-Bordier signe parfois "Bodmer" ;
les raisons en sont inconnues. L'écriture ne laisse cependant aucun doute sur
l'identité de l'expéditeur.
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Source de l'édition électronique de la lettre : original manuscrit Paris, Archives de l'Académie des sciences, fonds Ampère, carton XXVI, chemise 393bis.
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Voir le fac-similé : |
Lien de référence : http://www.ampere.cnrs.fr/amp-corr1062.html
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