Monnin à Ampère, André-Marie
Monsieur Ampaire [sic], membre de l'Académie des sciences
[Paris],
ce 26 7bre 1831 Monsieur ! Le vingt-deux septembre dernier, j'ai eu l'honneur de vous parler
relativement à ma proposition pour se préserver des naufrages. Je pensais encore
vous entretenir d'un autre moyen tendant au même but, mais craignant de trop vous
déranger voyant que vous étiez occupé, je me suis tu. Je me propose
d'en faire le sujet d'un second mémoire ; mais pour mieux, je désire faire une
petite expérience calculée. Je suis peu dans l'aisance, ce motif retardera mon
travail. Vous avez dit avec raison que des outres seraient gênantes : ne
pourraient-elles pas être faites de telle sorte qu'elles puissent être
gonflées et dégonflées à volonté ? Alors, quand l'orage
serait passé, ce ne serait plus que des peaux qui seraient serrées, sans occuper
grande place. Ou mieux encore, les laisser continuellement gonflées autour des vaisseaux
; seulement quand l'orage serait passé on les relèverait un peu, afin qu'elles ne
flottent pas sur l'eau. De cette manière, elles ne seraient nullement gênantes, et
on aurait de plus l'avantage de ne jamais être surpris par l'orage. J'ai eu un
entretien avec un marin qui s'est trouvé dans un cas où l'on s'attendait de
moment en moment de voir le vaisseau couler, par suite d'une dégradation qui donnait
entrée à l'eau. Pendant que les uns travaillaient à réparer
l'ouverture, les autres étaient à la pompe. Le vaisseau était presque
rempli d'eau ; et dès que l'ouverture a été bouchée, le danger a
cessé, a dit ce marin, quand deux cent livres d'eau de plus l'auraient fait couler.
D'après cela, peut-on douter que les outres soient un puissant préservatif et
qu'ils [sic] laisseraient couler les vaisseaux quand ils se remplissent presque
entièrement d'eau, et peut-être tout à fait avant de couler. Au sujet
des matelas, vous m'avez fait observer une difficulté que je n'avais pas prévue,
qui est de les arrêter aux vaisseaux. Quand on construit un vaisseau, ne peut-on pas
étendre ces matelas entre les parois du double et les y clouer ainsi que les plaques en
cuivre ? Quant aux vaisseaux déjà construits, on obtiendrait approchant le
même effet en fixant les matelas en dehors, avec des clous et les recouvrant de
planches. Autre moyen, pour empêcher les vaisseaux de se séparer en se
heurtant contre les rochers. Ce serait d'établir des chaînes dans
l'intérieur des vaisseaux d'une extrémité à l'autre tant en
longueur qu'en largeur en se croisant, et étant arrêtées de distance en
distance aux vaisseaux avec des forts clous rivés. On pressent bien que toutes ces
chaînes ne seraient point brisées par les chocs des rochers ; et dans le cas
où quelques unes le seraient, forcément il s'en trouverait toujours qui ne
seraient point cassées, par la raison qu'étant placées en long et en
large, il y aurait la moitié de ces chaînes qui ne seraient assujettie à
aucun effort et, quoique les vaisseaux, par des chocs extrêmement violents viennent
à s'ouvrir ils ne s'en iraient pas en débris et soutenus par les outres, on ne
périrait pas, et on pourrait faire les réparations les plus urgentes.
Pardonnez, Monsieur, l'importunité de ma lettre, que j'ai cru pour le bien devoir vous
écrire. Puisse-t-elle vous paraître digne d'une brève réponse.
Daignez agréer l'assurance de mon profond respect.
Votre très humble et obéissant serviteur.
Monnin [P.S.] Mon adresse : Monnin chez monsieur Mottet, fabricant de gants,
rue Saint-Denis n°170 à Paris.
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Source de l'édition électronique de la lettre : original manuscrit Paris, Archives de l'Académie des sciences, fonds Ampère, carton XXVI, chemise 393.
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Lien de référence : http://www.ampere.cnrs.fr/amp-corr1053.html
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