Ballanche, Pierre-Simon à Ampère, André-Marie
A Monsieur Ampère, secrétaire du bureau consultatif au ministère de l'Intérieur, rue de Grenelle-Saint-Germain, à Paris
Lyon,
ce dimanche 19 juillet [cachet postal 1807] Je vous ai déjà annoncé, mon cher Ampère, que je partais demain
pour Montpellier ; je vous ai prié de m'adresser vos lettres dans cette ville où
je ne tarderai pas d'arriver. Je vous écrirai de là pour vous annoncer où
vous devez m'adresser vos lettres subséquentes. J'espère donc trouver de vos
nouvelles en arrivant à Montpellier. Vous avez, mon cher Ampère, plus d'un
confident, car ce n'est sûrement pas moi qui ai trahi aucun de vos secrets. Tout ce que
j'ai dit à Camille [Jordan], il le savait par son ami M. Degérando. Au reste je
me suis déjà aperçu que vos secrets vous échappaient souvent. Vous
aurez raconté quelque chose à Paris, et cela aura couru de bouche en bouche, il
n'en faut pas davantage pour faire un pot-pourri. Il faut avoir, mon cher Ampère,
de la raison : notre projet est décidément cuit et recuit. Les raisons de Camille
et surtout celles de M. Degérando sont sans réplique. Au reste, mon cher ami, je
serai de retour à Lyon avant que vous soyez arrivé : Camille y sera encore et
nous causerons de toutes ces choses là. Pendant ce temps, comme je vous le disais dans
ma dernière, j'examinerai le projet d'une manière pratique et je vous dirai sans
détour ce dont nous pourrions être capables. Vous dites que vous avez perdu le
droit d'arranger votre vie, ne croyez pas cela mon cher Ampère ; au contraire vous devez
chercher à l'arranger vous-même A présent que vous voilà
malheureusement désenchanté sur plusieurs choses, vous êtes devenu plus
propre à la méditation froide et réfléchie. Franchement notre
voyage est impossible. Plus j'y pense, plus je vois que nous ne pourrons réussir. Trop
d'obstacles s'opposent à ce projet. Sans nom dans les lettres pour nous produire
nous-mêmes ; sans protection, car soyez sûr que jamais M. Degérando ni
Camille ne s'y prêteront ; sans assez de fortune pour faire nous-mêmes cette
entreprise : que voulez-vous que nous fassions ? Je désire beaucoup que M.
Degérando puisse arranger votre vie, mais cela me paraît bien difficile. Je vous
conjure, mon cher Ampère, de réfléchir vous-même sur votre
destinée, et de voir enfin ce qu'il faut que vous fassiez. Adieu mon cher
Ampère, je vous embrasse un million de fois, et j'attends de vos nouvelles à
Montpellier. Votre bien bon ami. Simon
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Source de l'édition électronique de la lettre : original manuscrit Paris, Archives de l'Académie des sciences, fonds Ampère, carton XXI, chemise 311bis.
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Voir le fac-similé : |
Lien de référence : http://www.ampere.cnrs.fr/amp-corr1034.html
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